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Malgré le développement des technologies digitalisées ou des cryptomonnaies, le cash reste le moyen de paiement préféré des Français et des Européens. Une confiance qui repose, entre autres, sur la sécurisation ultra-sophistiquée des billets, devenus aujourd'hui de véritables concentrés de technologie, fabriqués par une poignée d'imprimeries spécialisées triées sur le volet.
Une fausse rumeur court sur les réseaux sociaux depuis quelques mois : « Christine Lagarde annonce pour 2027 la fin de l'euro monnaie papier ». Une fake news partagée près de 18.000 fois sur TikTok, Facebook et Twitter depuis le 30 novembre 2022. Contactée par l'AFP, la Banque centrale européenne (BCE) a dû repréciser que l'euro numérique viendrait « en complément des espèces, sans les remplacer ». Ces inquiétudes infondées au sujet d'une société cashless (sans argent liquide) reviennent régulièrement, avec l'idée qu'elle permettrait une surveillance généralisée des transactions et des citoyens. Elles confirment surtout en creux l'attachement des citoyens aux billets de banque et la confiance qu'ils accordent à la monnaie papier.
En effet, paradoxalement, malgré la progression des paiements dématérialisés et des cryptomonnaies, en particulier durant la pandémie de Covid-19, il n'y a jamais eu autant de billets en circulation dans la zone euro. Entre fin 2020 et fin 2021, la valeur des billets en circulation émis par l'Eurosystème est ainsi passé de 1.434 à 1.544 milliards d'euros. Au-delà de la perception du cash comme une valeur refuge en temps de crise (bien réelle), les consommateurs-citoyens restent très attachés aux pièces et aux billets. Une étude de l'Ifop pour la Monnaie de Paris confirme ainsi que 83 % des Français sont toujours attachés au paiement en liquide et que 70 % y ont recours au quotidien. Pour le paiement, 61 % des Français ont « très confiance » dans les espèces, contre 47 % dans la carte bancaire, 29 % dans le chèque, 18 % dans les services en ligne comme Paypal, et 8 % dans le smartphone. Principales raisons de cette préférence : l'idée de transmission de la valeur de l'argent aux plus jeunes, l'absence de frais additionnels, la praticité, la sécurité et une certaine inquiétude vis-à-vis des technologies de paiement dématérialisées. Celles-ci inquiètent du fait de l'enregistrement des transactions (65 %), de l'exclusion d'une partie de la population (90 %) et d'un manque de transparence (83 %). Même si leur part est en diminution, les espèces restent le moyen de paiement le plus souvent utilisé dans les magasins, confirme la dernière étude de la BCE sur les comportements des consommateurs dans la zone euro. En 2022, les espèces ont été utilisées pour 59 % des transactions réalisées en point de vente. C'est le moyen de paiement le plus utilisé pour les paiements de petit montant et pour les transactions de particulier à particulier. 60 % des personnes interrogées considèrent également qu'il est important d'avoir l'option d'un paiement en espèces. Selon cette étude, les consommateurs perçoivent les espèces comme « un moyen utile de rester conscients de leurs dépenses, de protéger leur vie privée et de régler immédiatement leurs transactions ». La maîtrise des dépenses est un argument qui trouve un écho de plus en plus fort au sein des ménages aux revenus modestes et moyens. Utiliser l'argent liquide plutôt qu'une carte bancaire se révèle, en effet, beaucoup plus efficace pour rester dans son budget. Une approche qui séduit de plus en plus de Français qui adoptent, pour certains, la technique des « enveloppes budgétaires ». Cela permet de mieux contrôler son budget en ayant parfaitement conscience du montant des dépenses pour chaque poste (alimentation, loisirs, etc.). L'attachement à l'argent liquide est donc plus que jamais palpable et est renforcé par la confiance qu'ont les utilisateurs pour ce moyen de paiement.
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Cette confiance repose également sur la sécurisation extrêmement poussée de la monnaie fiduciaire. Des systèmes de sécurité ultra-sophistiqués qui font des billets de banque de véritables concentrés de technologie, soumis à une innovation permanente pour garder une longueur d'avance dans la course sans fin engagée contre les contrefacteurs et les faux-monnayeurs qui disposent, eux aussi, de moyens toujours plus considérables. Aujourd'hui, l'essentiel de la fausse monnaie est en effet fabriqué dans de véritables « ateliers-laboratoires » de contrefaçon fiduciaire, dotés de scanners haute définition et d'imprimantes numériques ou 3D, travaillant à l'échelle industrielle sous le contrôle de mafias internationales. Les acteurs du monde fiduciaire n'ont donc d'autre choix que de se réinventer en permanence pour mettre en place des procédés toujours plus compliqués à falsifier, afin de protéger les utilisateurs et les émetteurs de billets – les banques centrales et les États. Déjà dans la seconde série de billets en euros émis entre 2013 en 2019, de nouveaux signes de sécurité avaient fait leur apparition : lettres minuscules lisibles uniquement à la loupe, nombre émeraude détectable sous infrarouge, fibres incorporées dans le papier visibles à la lumière ultraviolette… Des signes de sécurité mis au point par la BCE en concertation avec les acteurs européens de l'imprimerie fiduciaire, qui jouissent d'une expertise inégalée au niveau mondial.
Seules onze imprimeries européennes hautement sécurisées produisent en effet les billets, distribués ensuite aux différentes banques centrales nationales. La Banque de France, par exemple, dispose de sa propre imprimerie à Chamalières (63) ainsi que d'un pôle recherche et développement. Celui-ci exploite les dernières avancées de l'optique, de la chimie, de la physique et de l'électromagnétisme, et développe notamment des signes de sécurité de dernière génération incluant des capteurs. Parmi les innovations récentes, figure notamment un système (Sealgn@ture) – développé avec Advanced Track&Trace – qui permet, grâce à un code sécurisé fondu dans la trame du billet et sensible à la copie, d'authentifier immédiatement les billets via une connexion à un service informatique dédié… Ou encore un signe de sécurité UV intégré dans une bande holographique ou dans un fil de sécurité (Trilumic) développé en collaboration avec l'entreprise Hueck Folien. En plus des imprimeries nationales, une poignée d'acteurs privés soumis à une sélection drastique ont également la responsabilité d'imprimer les billets de banque de la zone euro. C'est le cas en particulier du Français Oberthur Fiduciaire et de l'Allemand Giesecke & Devrient, deux acteurs historiques de l'impression fiduciaire dotés d'une expérience et d'un savoir-faire hors pair. Ces deux industriels développent constamment de nouvelles techniques pour améliorer la sécurité des billets et déjouer le travail des faussaires. Oberthur Fiduciaire, l'un des leaders mondiaux du secteur, a fait de cette exigence de sécurité son principal credo et fait figure aujourd'hui de référence dans ce domaine grâce à une innovation constante. Les multiples brevets déposés par la société rennaise témoignent de ses investissements conséquents en recherche et développement. Certaines de ses technologies sont utilisées partout dans le monde contre la contrefaçon des billets de banque. Oberthur Fiduciaire développe par exemple une encre visible ou invisible qui change de couleur de façon réversible sous l'action d'un léger frottement lorsqu'elle est révélée sous lumière UV (Avalon). L'entreprise propose également à ses clients des fils de sécurité à mouvement, intégrant des micro-optiques permettant de créer un effet visuel dynamique (Pulsar), ou même une nouvelle génération de fils 3D (Relief) très performante. Autant d'innovations de haut niveau technologique qui viennent renforcer plus encore une sécurité poussée à l'extrême et revendiquée par le PDG d'Oberthur Fiduciaire, Thomas Savare. « L'évolution des séries de billets de nos clients illustre parfaitement les innovations technologiques à l'œuvre dans notre industrie. Il en est de même pour le papier fiduciaire que nous produisons ; les techniques évoluent en permanence et nous devons investir dans des équipements à la fois de plus en plus performants et de plus en plus pointus ». La récente acquisition par Oberthur Fiduciaire de l'entreprise suédoise Rolling Optics, spécialisée dans les solutions 3D anti-contrefaçon, illustre cette volonté constante de proposer des billets de banque toujours plus sécurisés. Rien n'est laissé au hasard comme le confirme l'entreprise allemande Giesecke & Devrient (G+D). Sa filiale Louisenthal, spécialisée dans le papier sécurisé explique par l'intermédiaire de son Directeur général en charge de la R&D qu' « un fil de sécurité doit également offrir suffisamment d'options pour l'intégration du design et l'individualisation vers des motifs et des thèmes spécifiques à chaque pays ». La sécurité est donc aussi au service du design même si de nombreux éléments de sécurisation des billets de banque ne sont pas visibles aux yeux des utilisateurs. Ainsi, G+D a mis au point la technologie FIRST uniquement reconnue par des machines présentes dans les banques. Un laser génère un code sur le billet de banque qui peut être lu seulement par un dispositif avec lumière infrarouge. Invisible à l'œil nu, cette technologie permet en partie de répondre à des besoins en matière d'héliogravure. Grâce à toutes ces technologies anti-contrefaçons ultra-sophistiquées, le billet de banque est ainsi devenu une véritable forteresse technologique, quasiment infalsifiable. De quoi rendre la tâche des faussaires presque insurmontable. Les difficultés rencontrées par les faux-monnayeurs contribuent à la confiance des citoyens dans leur monnaie. Une confiance qui atteint aujourd'hui des sommets.
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