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NZAM : l'initiative des gérants de fonds pour la neutralité carbone perd en substance

La Net Zero Asset Managers Initiative (NZAM) est devenue un pilier des efforts mondiaux pour aligner les stratégies d'investissement avec les objectifs climatiques. Depuis son lancement en 2020, elle a mobilisé les gestionnaires d'actifs autour d'un objectif commun : atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Mais l'initiative traverse une phase de compliquée, marquée par des départs de membres influents, comme celui de BlackRock.

Temps de lecture : 2 minute(s) - Par C Dulary | Publié le 20-01-2025 10:30  Photo : Shutterstock  
NZAM : l'initiative des gérants de fonds pour la neutralité carbone perd en substance

NZAM : une coalition de sociétés financière pour lutter contre le réchauffement climatique

Lancée en décembre 2020, la NZAM est une coalition internationale réunissant des gestionnaires d’actifs désireux d’aligner leurs portefeuilles sur l’objectif de neutralité carbone. Cet engagement s’inscrit dans le cadre des accords de Paris, visant à limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C d’ici 2050 ou avant. Pour cela, ses membres s’engagent à adapter leurs investissements afin qu’ils contribuent à des émissions nettes nulles. Ils doivent également fixer des objectifs intermédiaires pour mesurer leur progression et publier régulièrement des rapports détaillant leurs actions et résultats.

L’initiative bénéficie du soutien d’organisations régionales et internationales telles que l’Asia Investor Group on Climate Change (AIGCC), Ceres en Amérique du Nord, l’Investor Group on Climate Change (IGCC) en Australasie, et l’Institutional Investors Group on Climate Change (IIGCC) en Europe. Ces réseaux collaborent étroitement avec l’initiative Race to Zero des Nations Unies, qui impose des critères stricts pour garantir la crédibilité des engagements climatiques. Marquant à ses débuts un engouement certain, la NZAM comptait ainsi plus de 325 membres en 2023, représentant collectivement 57 500 milliards de dollars d’actifs sous gestion.

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Les géants de la gestion d'actifs sont sur le départ

Mais 2025 a commencé avec un événement retentissant : le retrait de BlackRock, premier gestionnaire d’actifs mondial avec 11 475 milliards de dollars d’actifs sous gestion. Cette décision, en amputant la NZAM d'un cinquième des montants sous gestion, a secoué la coalition. Le groupe a justifié son départ en invoquant des pressions politiques croissantes et des risques juridiques significatifs, deux facteurs qui ont rendu le maintien de son adhésion de plus en plus complexe.

Mais ce retrait n'est pas le premier : il s’inscrit dans une série de départs notables qui ont affaibli la crédibilité de l’initiative : Vanguard en 2022, arguant des divergences sur les attentes et les méthodologies de mise en uvre des engagements climatiques, puis AXA et Allianz. Depuis novembre 2024, pas moins de sept autres groupes ont emboîté le pas, affichant une tendance préoccupante qui remet en question la capacité de la NZAM à conserver ses membres face à des enjeux externes.

Car ces départs sont en grande partie le résultat des pressions politiques accrues exercées, notamment aux États-Unis. Plusieurs procureurs généraux d’États conservateurs ont vivement critiqué la NZAM, l’accusant de nuire au développement des énergies fossiles. Ces responsables politiques affirment que les engagements climatiques des membres de l’initiative, en excluant certains secteurs énergétiques des portefeuilles d’investissement, entraînent une hausse des coûts pour les consommateurs et compromettent la sécurité énergétique nationale.

La rigidité perçue des objectifs a également alimenté les tensions. Certains observateurs reprochent à l’initiative de manquer de flexibilité face aux réalités économiques et politiques, ce qui complique la tâche des gestionnaires d’actifs devant jongler entre les attentes climatiques et les rendements financiers. Cette perception a éloigné certains membres, qui craignent que leur adhésion ne nuise à leur compétitivité sur les marchés internationaux.

Au-delà des critiques politiques, la NZAM fait également face à des problématiques juridiques, notamment aux États-Unis. Plusieurs États conservateurs ont en effet porté des accusations de violation des lois antitrust. Selon eux, les membres de la coalition adopteraient des pratiques anticoncurrentielles en s’accordant pour exclure certains secteurs, notamment les énergies fossiles, de leurs portefeuilles. Voilà qui soulève un risque juridique important pour les signataires, qui peuvent se retrouver confrontés à des litiges coûteux et complexes, et qui préfèrent se retirer. Ces pressions ont, désormais, bien mis en lumière la fragilité des coalitions volontaires dans un contexte géopolitique polarisé, et risquent bien d'aboutir sur un effet domino pour les membres restant.

Malgré cette pression allant en grandissant, la NZAM continue, à ce stade, de jouer un rôle clé dans la finance durable. Les membres restants semblent rester déterminés à atteindre leurs objectifs climatiques. L’initiative pourrait renforcer ses critères d’adhésion et de reporting pour garantir une plus grande transparence et fiabilité. Mais combien de temps cela pourra-t-il encore durer ?






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