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L’économie américaine en plein doute après deux mois de présidence Trump

Deux mois après son arrivée à la Maison-Blanche, Donald Trump impose un virage économique marqué par un protectionnisme affirmé et des mesures chocs en matière de politique commerciale. Si son administration met en avant des créations d'emplois records, les indicateurs économiques révèlent une dynamique plus contrastée, entre tensions inflationnistes, baisse de la confiance des ménages et interrogations sur la soutenabilité de sa stratégie.

L’économie américaine en plein doute après deux mois de présidence Trump
Temps de lecture : 3 minute(s) - Par | Mis à jour le 19-03-2025 15:29 | Publié le 19-03-2025 15:03

Une facture salée pour les consommateurs américains

L’une des mesures phares de Donald Trump en matière économique repose sur l’instauration de droits de douane élevés, notamment à l’encontre des importations chinoises et des métaux industriels. Ces nouvelles barrières tarifaires, atteignant 20 % sur les biens en provenance de Chine et 25 % sur l’acier et l’aluminium, affectent directement le coût de 1 400 milliards de dollars d’importations, selon la Tax Foundation.

Loin d’être absorbés par les entreprises, ces surcoûts se répercutent en grande partie sur les prix finaux, comme le souligne une étude du Cépii. Ce sont ainsi les ménages les plus modestes, dont les dépenses sont essentiellement orientées vers la consommation courante, qui en subissent les principales conséquences.

Les effets se font déjà sentir sur la confiance des consommateurs, dont l’indice a chuté de 11 % en mars, atteignant son plus bas niveau depuis 2022. L’érosion est particulièrement marquée chez les électeurs démocrates (-24 %), mais elle touche aussi les républicains (-10 %). En parallèle, les travailleurs non qualifiés sont confrontés à une baisse attendue de leurs salaires réels de 0,9 %, selon les prévisions économiques. Un paradoxe frappant pour une administration qui promettait une amélioration du pouvoir d’achat.

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Des annonces triomphales en décalage avec la réalité économique

La Maison Blanche met en avant des succès immédiats, à commencer par la création de 5 000 emplois chez GE Aerospace et l’investissement de 35 millions de dollars par Asahi Group dans le Wisconsin. De plus, le taux de chômage se maintient à 3,9 %, confirmant une situation de quasi-plein emploi.

Cependant, derrière ces indicateurs encourageants, les perspectives de croissance se dégradent. L’OCDE a revu à la baisse ses prévisions pour l’économie américaine, anticipant une croissance de 2,2 % en 2025 contre 2,4 % initialement, et de 1,6 % en 2026. Cette correction tient compte des conséquences du protectionnisme, qui freine l’activité et pèse sur la compétitivité des entreprises.

Toujours selon la Tax Foundation, si l’ensemble des tarifs douaniers annoncés par la Maison-Blanche devait être appliqué, les pertes d’emplois pourraient atteindre 600 000 postes, soit quatre fois plus que durant le premier mandat de Donald Trump. Un scénario qui contraste nettement avec la rhétorique de relance économique portée par le président.


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L'impossible équation politique

En adoptant une posture résolument protectionniste, Donald Trump cherche à défendre l’industrie nationale tout en préservant le pouvoir d’achat des Américains. Mais cette double ambition se heurte à des contradictions économiques profondes.

L’augmentation des droits de douane ne pénalise pas seulement les consommateurs, elle déstabilise aussi les chaînes d’approvisionnement. L’exemple du secteur automobile est particulièrement révélateur : les usines mexicaines, qui jouent un rôle clé dans l’assemblage des véhicules américains, fonctionnent désormais au ralenti en raison des perturbations liées aux nouvelles restrictions commerciales. Le Cépii souligne que la réorganisation des flux de production hérités de l’ALENA pourrait prendre des années, avec des répercussions durables sur la compétitivité du secteur.

Sur les marchés financiers, l’incertitude grandit. D’un côté, les investisseurs saluent la dérégulation et la baisse des impôts. De l’autre, les craintes inflationnistes et les tensions commerciales nourrissent la volatilité des indices boursiers. Le « Trump put », cette croyance selon laquelle le président interviendra en faveur des marchés en cas de secousse, montre ses limites face aux inquiétudes économiques croissantes.



Un cap difficile à tenir

En seulement deux mois, la politique économique de Donald Trump a déjà produit des effets visibles : hausse des prix pour les consommateurs, baisse de la confiance des ménages, et premières révisions à la baisse des perspectives de croissance. Si l’administration américaine se veut rassurante en mettant en avant des succès ponctuels, la dynamique économique globale s’annonce bien plus incertaine qu’annoncé.

La question centrale reste celle de la soutenabilité du modèle protectionniste prôné par Trump. À court terme, la politique commerciale actuelle risque d’affaiblir la consommation intérieure, moteur historique de la croissance américaine. À plus long terme, les tensions avec les partenaires commerciaux et la désorganisation des chaînes de production pourraient peser sur l’emploi et ralentir durablement l’économie.

Donald Trump joue donc une partie à haut risque, et la viabilité de sa stratégie économique reste à prouver.

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