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Le 28 septembre 2008 a marqué un tournant décisif dans l'histoire du secteur spatial. SpaceX, l'entreprise fondée par Elon Musk en 2002, avait alors réussi à lancer avec succès sa fusée Falcon 1, après plusieurs échecs qui avait pourtant presque conduit la jeune société à la faillite. Cet événement a annoncé une révolution dans l'industrie spatiale mondiale. L'onde de choc est encore ressentie aujourd'hui, alors que des géants européens tels qu'Airbus Defence & Space et Thales Alenia Space luttent pour rester compétitifs face à l'ascension irrésistible de cette société privée américaine.
Lorsque Elon Musk a fondé SpaceX, il a introduit une vision qui semblait, à l'époque, complètement utopique : créer des fusées réutilisables pour réduire drastiquement les coûts de lancement. Jusqu’alors, le secteur spatial était dominé par des agences gouvernementales comme la NASA aux États-Unis et l’ESA en Europe, avec des programmes extrêmement coûteux. Chaque lancement nécessitait de produire un nouveau lanceur, entraînant des coûts considérables.SpaceX a bouleversé ce modèle. Son concept innovant, couplé à une approche technologique agile et à une politique de réduction des coûts, a permis à la société de proposer des prix défiant toute concurrence. Dès le succès du Falcon 1, l’entreprise a attiré l’attention des secteurs public et privé, devenant rapidement un acteur incontournable du marché des lancements spatiaux.Le projet Starlink, lancé en 2019, a encore renforcé cette domination. Cette constellation de satellites, destinée à fournir un accès internet à l’échelle mondiale, illustre parfaitement la stratégie de SpaceX, combinant innovation technologique et modèle économique redoutablement efficace. Alors que SpaceX continue de bousculer les règles du jeu, les acteurs européens peinent à s’adapter.
Le succès fulgurant du projet met en lumière les difficultés de l’industrie spatiale européenne à suivre le rythme. Airbus Defence & Space, l’un des principaux acteurs du secteur, responsable des célèbres lanceurs Ariane, ainsi que Thales Alenia Space, un leader dans la fabrication de satellites, ont tous deux annoncé des suppressions massives d'emplois ces derniers mois : 2500 pour la branche spatiale d'Airbus et 1300 pour Thales Alenia Space. Historiquement, l’Europe a été une grande puissance spatiale, notamment grâce au programme Ariane, longtemps en tête du marché des lancements commerciaux. Mais ce leadership s’effrite face à la compétitivité et à la flexibilité de SpaceX. Le lanceur multipolyvalent Ariane 6, très attendu, a subi des retards successifs, et beaucoup craignent qu'elle n’arrive trop tard pour rattraper l’avance prise par la Falcon 9 de SpaceX, déjà éprouvée à de nombreuses reprises. Pourtant, il présente aussi des atouts indéniables, dont la possibilité de placer plusieurs satellites en orbite sur un même lancement. Un argument de poids, quand son prix de lancement varie entre 70 et 115 millions d’euros, face aux 40 à 60 millions de dollars pour un lancement de Falcon 9.
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Elon Musk n’a jamais caché ses ambitions. Lors d’une rencontre en 2014 avec François Hollande, alors président de la République française, ce dernier, à demi-mot, lui demanda : « You want to go to Mars ? (…) With your “spatial fusée” ? ». La réponse de Musk fut sans équivoque et quasi-prophétique : « Nous allons tuer l’industrie européenne. Vos lanceurs sont trop chers. Je vais réduire les coûts et inventer des fusées réutilisables dans le but d’aller sur la Lune et sur Mars. » Cette réplique, prononcée il y a dix ans, résonne aujourd’hui comme un sérieux avertissement pour l'Europe, qui voit ses entreprises historiques confrontées à des défis sans précédent.
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