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Le CAC40 a décroché en 2024, tandis que le DAX et le S&P 500 se sont envolés

2024 restera gravée comme une année terne pour la Bourse de Paris. Alors que les grands indices mondiaux surperformaient — avec un DAX allemand à +19 %, un S&P 500 à +23 % et un Nasdaq à +25 % —, le CAC 40 s'est enfoncé dans la contre-performance, enregistrant un recul de 2,1 % : la plus mauvaise performance de la zone euro, après la Finlande. Ce décrochage, qui tranche avec les dynamiques globales, révèle des fragilités politiques, économiques et structurelles qui ont freiné l'élan de l'indice parisien.

Temps de lecture : 3 minute(s) - Par J Daverny | Mis à jour le 10-01-2025 12:15 | Publié le 10-01-2025 10:08  Photo : Shutterstock  
Le CAC40 a décroché en 2024, tandis que le DAX et le S&P 500 se sont envolés

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La France sous tension : quand l'incertitude politique refroidit les investisseurs


Evolution de l'indice CAC40 en 2024, source : Euronext
Evolution de l'indice CAC40 en 2024, source : Euronext

Malgré une belle poussée au printemps et un pic historique à 8559 points le 10 mai, le CAC40 a fini l'année 2024 en baisse. Le coup dur le plus important a été d’ordre politique : la dissolution de l’Assemblée nationale annoncée le 9 juin a provoqué une nette cassure (voire courbe ci-dessous), puis la censure du gouvernement a plongé le pays dans une crise institutionnelle. Cette instabilité a renforcé les doutes des investisseurs, aggravés par la dégradation de la note souveraine française par Moody’s. Le signal envoyé par cette décision a été clair : la confiance des marchés dans la capacité de la France à stabiliser ses finances publiques s’effrite.

En conséquence, les actifs français ont dû intégrer une prime de risque accrue, reflétée par des taux d’intérêt à 10 ans supérieurs à ceux de l’Allemagne. Cet écart s’est traduit par une performance plus faible des actions françaises, notamment pour les sociétés dont l'activité est très liée à l’économie du pays, comme les banques (BNP Paribas) ou le bâtiment (Vinci). Un climat tendu, alors même que leurs voisines européennes profitaient d’une dynamique plus favorable.

Mais ces évènements ne sont pas les raisons du marasme ambiant.




Les géants du luxe à la peine : quand la Chine éternue, Paris s'enrhume

Le luxe, fleuron historique du CAC 40, a été l'un des principaux responsables de cette année difficile. LVMH a vu sa valeur chuter de 13 %, tandis que Kering s’est effondré de 41 % et que L’Oréal perdait 24 %. Ces contre-performances s’expliquent en grande partie par la dépendance de ces groupes au marché chinois, qui a connu une année de stagnation économique.

La Chine, traditionnel moteur de croissance pour le secteur du secteur, a vu sa consommation freinée par une crise immobilière persistante. Le marasme du secteur immobilier, avec ses maisons invendues et ses chantiers inachevés, a érodé la confiance des ménages et limité leur pouvoir d’achat. Malgré un assouplissement monétaire inédit, Pékin n’a pas réussi à relancer significativement sa consommation intérieure. Cette fragilité de l’économie chinoise a eu des répercussions directes sur les entreprises françaises dont la croissance dépend largement de ce marché.

D'autres valeurs ont également connu des baisses spectaculaires : les semi-conducteurs avec STMicroelelctronics (-46,8%), loin de l'embellie constatée outre-Atlantique, l'automobile (Stellantis, -40%) et l'énergie (TotalEnergies, -13,6%), ont beaucoup souffert.

Heureusement, quelques sociétés ont compensé les reculs grâce à des hausses importantes, parmi lesquelles Accor (+35,5%), Schneider Electric (+32,5%), Safran (+32,3%) et EssilorLuxottica (+28,8%).



Outre-Rhin et outre-Atlantique : des indices en plein essor

Tandis que le CAC 40 trébuchait, le DAX allemand s’illustrait avec une hausse de 19 %, un contraste d’autant plus surprenant que l’économie allemande traverse également une période de stagnation. La clé de cette réussite est peut-être à chercher dans la gestion budgétaire rigoureuse de l’Allemagne et la baisse marquée de ses taux d’intérêt à long terme. Ces facteurs ont stimulé les investisseurs, favorisant les actions allemandes.

De l’autre côté de l’Atlantique, Wall Street a continué de dominer la scène financière mondiale. Les indices américains, portés par la révolution de l’intelligence artificielle, ont vu des entreprises comme Nvidia s’envoler en Bourse. L’élection de Donald Trump, avec ses promesses de baisses d’impôts massives et de déréglementation, a également renforcé l’optimisme des marchés américains en fin d'année. En comparaison, la Bourse de Paris a manqué cruellement d’éléments de dynamisme.

Perspectives pour 2025 : rebond ou stagnation ?

La question se pose désormais : le CAC 40 peut-il rattraper son retard ? Certains signes laissent entrevoir des possibilités de redressement. La valorisation des actions françaises reste raisonnable, ce qui pourrait attirer les investisseurs à moyen terme. De plus, un éventuel rebond du marché chinois, grâce à des mesures de relance plus musclées, pourrait redonner de l’élan aux géants du luxe.

Cependant, les risques demeurent. Les tensions politiques françaises pourraient perdurer, tandis que l’économie nationale est confrontée à des défis structurels, comme l’assainissement des finances publiques. À l’international, la conjoncture économique incertaine pourrait également peser sur les perspectives de croissance des multinationales françaises.

Pour l’instant, le CAC 40 reste en retrait. L’avenir dépendra de la capacité de Paris à rétablir un climat favorable à l’investissement et à tirer parti d’un environnement économique mondial en constante évolution.



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