La BCE lance une nouvelle charge contre le Bitcoin : une bulle spéculative prête à éclater ?

Bitcoin : un actif spéculatif sans utilité réelle

La BCE ne mâche pas ses mots. Selon Bindseil et Schaaf, "le Bitcoin n’a jamais été utilisé de manière significative pour des transactions légales dans le monde réel". Les auteurs citent l’exemple d’El Salvador, où l’expérience d’adoption du Bitcoin en tant que monnaie officielle est qualifiée d’échec. Ils précisent que la cryptomonnaie reste majoritairement utilisée pour des activités illicites : "Cryptomonnaies restent les produits financiers préférés des prédateurs financiers, des fraudeurs et des criminels".

Ce n'est pas seulement l'usage illégal du Bitcoin qui préoccupe la BCE. Le rapport insiste sur l'extrême volatilité de la cryptomonnaie. En novembre 2021, le Bitcoin avait atteint un sommet historique d'environ 69 000 USD avant de chuter à 16 000 USD en novembre 2022, perdant près de 80 % de sa valeur. "Cette volatilité empêche Bitcoin de remplir les fonctions classiques de la monnaie », écrivent les auteurs. Que ce soit en tant que réserve de valeur, unité de compte ou moyen de paiement, Bitcoin échoue selon eux à offrir une stabilité comparable aux devises traditionnelles.

Les auteurs comparent ainsi sa croissance à celle d'une bulle spéculative. De nombreux économistes, cités par la Banque Centrale Européenne, estiment que la valeur fondamentale du Bitcoin est nulle, ce qui rend son prix actuel insoutenable à long terme. "De nombreux investisseurs croient qu’ils pourront vendre à un prix plus élevé, mais sans comprendre la justification économique réelle », avertit le rapport.

Les conséquences redistributives : un enrichissement des premiers entrants

L'une des critiques majeures du rapport concerne l'effet redistributif du Bitcoin. Selon Bindseil et Schaaf, Bitcoin profite massivement aux premiers investisseurs, au détriment des retardataires et des non-détenteurs. "Le Bitcoin ne crée pas de valeur économique supplémentaire, il redistribue simplement les richesses », expliquent-ils. Les détenteurs précoces de Bitcoin, souvent surnommés « Early Birds », bénéficient des hausses de prix, tandis que les nouveaux venus sur le marché se retrouvent à payer un prix de plus en plus élevé pour une promesse d’enrichissement futur, sans valeur productive.

Ainsi, les analystes vont encore plus loin en affirmant que "la hausse continue du prix du Bitcoin appauvrit à la fois les non-détenteurs et les retardataires", en déplaçant la richesse des autres parties de l’économie vers ceux qui détiennent du Bitcoin.

La réponse de la BCE : vers une régulation plus stricte et l'euro numérique

Face à ces risques, la BCE appelle à une régulation plus ferme des crypto-actifs. Les auteurs insistent sur le fait que "la régulation est nécessaire pour protéger les consommateurs et éviter que les marchés financiers ne soient déstabilisés par une bulle spéculative d’actifs numériques". Cela s’inscrit dans un cadre plus large d’efforts réglementaires, incluant le projet de l’Union européenne sur les marchés des crypto-actifs (MiCA), visant à encadrer leur usage.

En parallèle, l'institution travaille toujours activement sur la mise en place de l’euro numérique. Ce projet vise à fournir une alternative crédible, stable et régulée aux cryptomonnaies. "L'euro numérique permettra d'offrir les avantages d'une monnaie digitale, tout en garantissant la sécurité et la stabilité économique que Bitcoin ne peut fournir », souligne le rapport.

Avec ce rapport, la BCE semble intensifier sa lutte contre Bitcoin, estimant que cette cryptomonnaie constitue non seulement une menace pour la stabilité financière, mais aussi un vecteur d’inégalités sociales croissantes. Elle ne voit en Bitcoin qu’un actif spéculatif, risqué et déconnecté de l’économie réelle, dont l’essor ne pourrait se faire qu’au détriment de la majorité des citoyens.

Alors que les cryptomonnaies gagnent en popularité, la BCE semble déterminée à défendre son rôle de garant de la stabilité économique, à travers la régulation et le développement de solutions alternatives comme l’euro numérique.
Le débat reste ouvert : Bitcoin continuera-t-il à prospérer malgré les critiques des institutions financières, ou est-il voué à s'effondrer sous le poids de ses propres contradictions ?