Une escalade tarifaire d'une ampleur historique
Avec une nouvelle barrière douanière de 104%, la Chine, principale cible des mesures américaines, voit son accès au marché américain quasiment suspendu. En réponse, Pékin applique une surtaxe de 84 % sur les produits américains, accompagnée de mesures ciblées contre plusieurs entreprises phares, dans ce qui semble être une stratégie de désengagement progressif.
Mais le pays : l’Union européenne (+20%), le Vietnam (+46%) ou encore Israël (+50%) figurent également sur la liste des pays concernés par ces nouvelles barrières douanières. Face à cette attaque commerciale coordonnée, l’UE a réagi avec un ensemble de contre-mesures incluant une taxe de 25 % sur certaines importations américaines. À Paris, le ministère de l’Économie a réuni les principaux acteurs concernés pour ajuster la réponse française à cette crise commerciale d’envergure.
Réactions des marchés et premières conséquences économiques
Les marchés financiers réagissent déjà avec nervosité depuis quelques jours. Les places boursières européennes ont reculé d’environ 3 % aujourd'hui, après une accalmie hier. Les inquiétudes des investisseurs face à la montée de l’incertitude ne cessent de s'aggraver. À Tokyo, la Bourse a terminé en forte baisse de 3,93 %. Le pétrole Brent est tombé sous la barre des 60 dollars (59,74 $), tandis que le dollar a perdu du terrain face aux grandes devises. Dans le même temps, les taux d’intérêt à long terme ont bondi, traduisant une défiance accrue à l’égard des dettes souveraines, notamment celle des États-Unis.
« RESTEZ COOL. Tout va bien se passer », a écrit Donald Trump sur son réseau social Truth. Un appel entendu ? Les bourses américaines ouvraient en tout cas en hausse ce mercredi à New York.

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Je m'inscrisRévisions des prévisions de croissance en Europe
La situation reste suffisamment préoccupante pour que les premières institutions économiques commencent à tirer la sonnette d’alarme. En France, l’OFCE prévoit désormais une croissance limitée à 0,5 % en 2025, contre une estimation plus optimiste précédemment. La Banque d’Espagne anticipe une correction similaire, tandis que l’Italie réduit de moitié sa prévision, à 0,6 %. Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, estime que ce choc commercial pourrait coûter environ 0,25 point de croissance à la zone euro dès l’an prochain.
Un bras de fer stratégique sur le long terme
Donald Trump justifie cette montée en puissance tarifaire par la volonté de réindustrialiser l’économie américaine. « C’est désormais le moment de soutenir l’économie réelle », a déclaré son secrétaire au Trésor, en assumant la volatilité des marchés comme un mal nécessaire. La Chine adopte une posture presque similaire, avec une stratégie de redéploiement vers l’Asie et les pays de l’Asean, assumant un découplage progressif vis-à-vis des États-Unis.
Quel impact pour les investisseurs ?
La refonte des circuits commerciaux internationaux ouvre une ère d’incertitudes, mais aussi d’opportunités potentielles. S'il est encore trop tôt aujourd'hui pour tirer des conclusions, certaines stratégies seront à explorer dans les jours ou semaines qui viennent. Mais en attendant, les actions européennes, notamment dans les secteurs exportateurs, pourraient rester sous pression. La prudence reste de mise dans les arbitrages sectoriels. De même, la montée des taux souverains, en particulier sur la dette américaine, rappelle que celle-ci ne bénéficie plus d’un statut de valeur refuge automatique. Enfin, les matières premières, et surtout le pétrole, devraient rester sensibles aux perturbations géopolitiques et monétaires plus qu’aux dynamiques de demande.
Vers un nouvel ordre économique mondial ?
Cette nouvelle vague de tensions commerciales ne se résume pas à un simple désaccord tarifaire. Elle traduit probablement une transformation stratégique des relations économiques internationales, dans laquelle les instruments commerciaux deviennent des leviers de pouvoir. Dans ce contexte, les stratégies d’investissement devront s’adapter, en intégrant des facteurs géopolitiques et structurels bien au-delà des simples perspectives macroéconomiques.