Donald Trump veut créer un fonds souverain... pour racheter TikTok (entre autres)

Un fonds souverain aux États-Unis : une rupture avec le modèle économique américain

Donald Trump a signé un décret présidentiel visant à créer un fonds souverain national, une première dans l’histoire des États-Unis. L’un des modèles que Donald Trump cite en exemple est le fonds souverain norvégien. Ce mastodonte financier, qui repose sur les revenus du pétrole, a généré un rendement de 13 % en 2024. Mais la comparaison a ses limites. Contrairement à des pays comme la Norvège ou les Émirats arabes unis, qui financent leurs fonds souverains grâce aux excédents budgétaires issus des hydrocarbures, Washington ne dispose pas de telles réserves et le pays est même en déficit chronique. Le modèle envisagé repose donc sur des sources alternatives de financement, telles que l'augmentation des tarifs douaniers, des redevances sur certaines industries ou encore la monétisation d’actifs publics.

L’idée d’un fonds souverain américain n'est pas nouvelle : elle avait déjà été évoquée par certains économistes et responsables politiques, notamment pour réduire la dépendance du pays à l’endettement. Avec une dette publique dépassant les 34 000 milliards de dollars (!), les États-Unis cherchent depuis longtemps des solutions pour équilibrer leur budget.
Mais pour que le projet fonctionne, encore faudrait-il notamment que les recettes douanières soient suffisamment abondantes et pérennes pour alimenter un fonds de grande envergure. Or, l’histoire récente montre que ce type d'augmentation entraîne souvent des mesures de rétorsion de la part des partenaires commerciaux. Ainsi, si la Chine ou l’Union européenne décidaient de riposter en taxant davantage les produits américains, le il pourrait rapidement se heurter à quelques difficultés structurelles.

Annonce

TikTok dans le viseur : une bataille économique et géopolitique

Parmi les premières utilisations envisagées pour ce fonds : l’acquisition du réseau social TikTok. L’application, détenue par la société chinoise ByteDance, est régulièrement accusée par Washington de présenter des risques pour la sécurité nationale, notamment en raison de soupçons de transferts de données vers Pékin. L’administration Trump avait déjà tenté d’interdire l’application en 2020, exigeant sa vente à un acteur américain sous peine d’être bannie du territoire. La guerre commerciale ouverte entre les deux pays ayant fait un retour fracassant, les hostilités se poursuivent d'autant plus. Après les sanctions contre Huawei et les restrictions sur les semi-conducteurs, le contrôle de TikTok ne serait qu'une nouvelle étape de l’affrontement entre les deux puissances.

Plusieurs scénarios de rachat de la plateforme sont donc à l’étude : une acquisition directe par l’État, une prise de participation conjointe avec des entreprises privées comme Microsoft ou Oracle, ou encore la création d’un consortium financé par le fameux fonds souverain, mais géré par des acteurs du secteur technologique (Elon Musk ?).

Mais pourquoi créer un fonds souverain au lieu de faire appel à des investisseurs privés ? Le projet de rachat présenterait en réalité plusieurs avantages stratégiques. Le premier, est qu'il permettrait aux États-Unis de prendre le contrôle d’une plateforme majeure de l’économie numérique, réduisant d'autant l’influence chinoise sur un secteur clé et augmentant d'autant la sienne. D’autre part, il éviterait que l’application ne soit acquise tôt ou tard par un autre groupe étranger, perçu comme une menace potentielle. Mais les choses pourraient aller beaucoup plus loin : Donald Trump est en effet aujourd'hui proche d'Elon Musk (propriétaire de X, ancien Twitter) et de Mark Zuckerberg (Facebook et Instagram), tout en étant propriétaire de son propre réseau social (Truth Social). Le rachat de Tiktok permettrait donc de ramener une nouvelle plateforme majeure dans le giron du Président.

Pas encore abonné(e) à la Newsletter ?

Rejoignez la communauté Idéal investisseur !

Je m'inscris

Si l’idée d’un fonds souverain américain suscite l’intérêt de certains élus, elle rencontre également une forte opposition. Plusieurs experts économiques soulignent les difficultés de financement d’un tel mécanisme dans un pays structurellement déficitaire. Mais la question de la gouvernance constitue également un point sensible. Contrairement aux pays comme la Norvège ou Singapour, généralement gérés par des structures indépendantes, certains observateurs estiment qu'il risquerait d’être influencé par des considérations politiques.