Sortie le 7 novembre
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La France subit une vague de défaillances d'entreprises inédite depuis la crise financière de 2008-2009. Le nombre de faillites continue de grimper, mettant en péril des milliers de structures et menaçant l'équilibre du tissu économique national.
Le marché français traverse une vague de défaillances inédite depuis deux ans. En 2022, le redémarrage de l’économie post-COVID, associé à la suppression progressive des aides d’État, a révélé la vulnérabilité de nombreuses entreprises. Après une période de calme, les défaillances avaient accéléré, amplifiées par l'inflation et la montée des coûts énergétiques. En 2023, la Banque de France avait observé une augmentation de 34 % des faillites par rapport à 2022, portant le nombre total d’entreprises défaillantes à environ 55 500. Un chiffre alarmant qui a poursuivi sa croissance en 2024 pour atteindre, à l'automne, 64.000 cas selon les données provisoires de l'institution. Cette vague de faillites n’est pas seulement un retour à la normale après les années de soutien massif : elle illustre une crise profonde dans le paysage entrepreneurial français. La vulnérabilité des sociétés, particulièrement celles de taille modeste, met en évidence l’incapacité de nombreuses structures à affronter les chocs économiques actuels, accentuant la fracture entre les grandes entreprises et les PME.
Tous les secteurs ne sont pas affectés de la même manière, mais certains sont nettement plus exposés. Parmi eux, le bâtiment et les travaux publics (BTP) se trouvent en première ligne. Entre une augmentation des coûts des matériaux et la baisse des permis de construire, le secteur du BTP a vu ses défaillances augmenter de 36,5 % en un an. Le logement neuf est en chute libre, et les difficultés d’approvisionnement pèsent sur les marges, forçant de nombreux acteurs à mettre la clé sous la porte. D'après les données du cabinet Ellisphère, le secteur de la logistique, plus spécifiquement le transport routier, est aussi touché de plein fouet. Avec une hausse de 37,5 % des faillites, la conjoncture devient insoutenable pour de nombreuses entreprises, qui peinent à absorber la hausse des coûts du carburant et les exigences écologiques croissantes. Les PME de ce secteur, qui souffrent de marges souvent réduites, sont les plus vulnérables aux variations de coûts et aux difficultés d’accès aux financements. Dans l’industrie textile, la hausse des coûts de production et le changement des habitudes de consommation ont provoqué un véritable raz-de-marée. La fermeture de plusieurs enseignes emblématiques, reflet d’une hausse de 26,5 % des défaillances, illustre la crise qui frappe ce secteur autrefois florissant.
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Les très petites entreprises (TPE) et petites et moyennes entreprises (PME) forment la colonne vertébrale de l’économie française, mais elles sont particulièrement vulnérables aux crises. Les TPE, en particulier, représentent presque 9 entreprises en cessation de paiement sur 10. La plupart de ces structures sont liquidées sans procédure de redressement, ce qui illustre leur faible résilience financière. Pour les PME, le tableau est similaire : elles enregistrent une part de 8 % des défaillances totales, un niveau supérieur à la moyenne d’avant la crise sanitaire. La faible capacité de ces entreprises à résister aux chocs économiques est révélatrice de leur dépendance aux financements externes et de leur faible trésorerie. De plus, le durcissement des conditions de crédit fragilise davantage ces structures, limitant leurs options de financement pour affronter des périodes difficiles.
La fin des dispositifs de soutien public, comme les Prêts Garantis par l’État (PGE), a exposé de nombreuses entreprises à une reprise brutale de leurs charges financières. Le remboursement de ces PGE, associé à la flambée des coûts d’exploitation, plonge certaines sociétés dans des situations de trésorerie critiques. La réduction de l’accès au crédit bancaire est un autre obstacle majeur, surtout pour les PME. Alors que les banques resserrent leurs conditions de financement, les entreprises voient leur accès aux ressources se restreindre, rendant difficile toute tentative de stabilisation. Cette situation a poussé des milliers d’entreprises dans une spirale d’endettement. La fin des reports de charges, couplée aux obligations de remboursement des aides COVID, signifie que les entreprises doivent désormais faire face à des échéances financières plus élevées que jamais, dans un contexte économique très instable.
Les disparités géographiques dans la répartition des défaillances montrent que certaines régions sont particulièrement touchées. L’Île-de-France, l’Auvergne-Rhône-Alpes et la Provence-Alpes-Côte d’Azur concentrent près de 50 % des faillites, en raison de leur forte densité d’activité économique et du nombre élevé d’entreprises dans ces zones. Ces régions, qui abritent de nombreuses PME et TPE, souffrent particulièrement de la crise des défaillances, ce qui pèse sur l’emploi local et la stabilité économique régionale. Dans les départements et régions d’outre-mer (DROM), le tableau est encore plus sombre. Ces territoires, souvent marqués par des coûts plus élevés et un accès plus compliqué aux ressources, subissent une augmentation des procédures collectives de plus de 30 %. Les entreprises locales, déjà confrontées à un environnement économique difficile, voient leur marge de manœuvre se réduire face à l’inflation des coûts des biens de première nécessité, accentuant encore plus la fragilité du tissu entrepreneurial ultramarin.
L’année 2025 pourrait être encore plus difficile pour les entreprises françaises. Selon plusieurs experts, les défaillances pourraient maintenir un niveau comparable à celui observé pendant la crise de 2009. Divers facteurs internationaux contribuent à cette situation alarmante, notamment les incertitudes économiques mondiales et les tensions géopolitiques, comme la guerre en Ukraine, l’instabilité au Moyen-Orient et la compétition économique avec la Chine. Ces éléments ajoutent une pression sur les coûts de production et les chaînes d’approvisionnement, augmentant les risques. En parallèle, le budget national de 2025 et les éventuelles hausses fiscales pourraient alourdir encore les charges, pesant sur leur trésorerie et leur rentabilité. Dans un tel contexte, les entreprises risquent de rencontrer de plus en plus de difficultés pour se maintenir à flot, d’autant que les perspectives de croissance économique pour 2025 restent limitées. La recrudescence des défaillances d’entreprises en France en 2024 souligne la fragilité d’un tissu entrepreneurial confronté à une succession de chocs économiques. Cette vague de faillites n’est pas sans conséquence : elle impacte l’emploi, affaiblit les écosystèmes régionaux et érode la confiance des investisseurs. Alors que 2025 se profile, les entreprises devront naviguer dans un environnement incertain, marqué par des coûts élevés et une baisse des financements disponibles.