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« Un nouveau modèle de croissance à inventer », selon Groupama AM

Reuters - La crise du coronavirus pourrait déboucher sur un nouveau modèle de croissance en invitant à repenser le commerce mondial et les politiques économiques, avec à la clé des répercussions sur la gestion des entreprises et sur les investissements financiers, dit-on chez Groupama Asset Management.

Temps de lecture : 3 minute(s) - Par Patrick Vignal | Mis à jour le 29-12-2020 17:55:00 | Publié le 20-04-2020 15:53  Photo : Siège de la banque centrale européenne, (c) Shutterstock  
« Un nouveau modèle de croissance à inventer », selon Groupama AM

Des tendances déjà à l'oeuvre sous l'effet notamment de la prise de conscience des dangers du changement climatique pourraient connaître une impulsion supplémentaire sous le choc de la pandémie, dit à Reuters Marie-Pierre Peillon, directrice de la recherche et de la stratégie ESG chez Groupama Asset Management.

« Le modèle de croissance reposant sur la mondialisation et la financiarisation va devoir être corrigé et la tendance à une économie plus soutenable, plus durable, va s'accélérer », dit-elle.

L'affrontement pour l'hégémonie que se livrent les Etats-Unis et la Chine avait déjà ouvert un débat que vient relancer la rupture des chaînes d'approvisionnement dont ont été victimes dans cette crise de nombreux secteurs industriels, comme par exemple la pharmacie et l'automobile, qui devront apprendre à produire différemment, argumente-t-elle.

« Il y a de plus en plus d'interrogations sur un modèle où les consommateurs sont en Occident et consomment tout ce qui est produit à bas prix dans les pays émergents », dit-elle.

« Il va falloir réinventer la mondialisation. Elle ne disparaîtra pas mais elle sera sans doute plus nuancée avec davantage de régionalisation, des chaînes de production repensées et une gestion moins tendue des stocks, ce qui aura des impacts forts dans la gestion des entreprises, dont l'organisation est à revoir. »

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« L'Europe a rendez-vous avec son destin »

Contrairement à la crise de 2008-2009, partie de la finance avant de se diffuser à l'économie réelle, la crise actuelle a porté un coup d'arrêt brutal à l'économie en imposant la fermeture de larges pans de l'activité, ce qui a entraîné des réponses immédiates et massives de la part des banques centrales mais également des gouvernements, prolonge Marie-Pierre Peillon.

« La grande nouveauté, c'est l'intervention des Etats avec notamment la généralisation par les pays européens de la méthode du chômage partiel, ce qui coûte cher mais préserve le capital humain et favorisera la reprise », dit-elle.

Certains secteurs auront du mal à se relever et auront besoin de l'aide des Etats, qui devront continuer à apporter des garanties de prêts où de l'argent frais, sous forme de dette ou de capital, ajoute-t-elle.

« Vu la violence du choc et les évolutions qui seront nécessaires, les Etats vont rester longtemps au chevet de l'économie et vont devoir mettre en place des programmes de relance de type plan Marshall », dit-elle.

« Dans ce contexte, l'Europe a rendez-vous avec son destin avec un couple franco-allemand qui devra donner une nouvelle dynamique, avec des situations inquiétantes à gérer, notamment celle de l'Italie, qui est la troisième économie de la zone euro et risque d'être confrontée à de graves difficultés. »

Les mutations qui se dessinent n'épargneront pas la manière dont sont gérées les entreprises et dont fonctionne le monde de la finance, poursuit la spécialiste de l'investissement durable.

« On assiste à un début de changement dans la gouvernance des entreprises. », dit-elle.




Une nouvelle donne pour l'investissement

« Le modèle précédent, basé sur la financiarisation, imposait d'avoir un retour sur investissement très élevé et de redistribuer davantage aux actionnaires qu'aux salariés. Sur le long terme, les politiques actionnariales dans les entreprises vont être revues, ce qui voudra dire que les marchés financiers devront revoir le niveau de rentabilité qu'ils exigent », prolonge Marie-Pierre Peillon.

La demande de sens et la nécessité de penser à plus long terme devraient contribuer à redessiner le paysage de l'investissement, les sociétés de gestion étant appelées à évoluer dans un univers plus complexe aux perspectives plus floues, ajoute-t-elle.

« Avec le retour de la volatilité en raison des incertitudes, l'analyse des valeurs et le 'stock picking' devraient retrouver tout leur sens », dit-elle.

« Il ne suffira plus de se précipiter sur les actifs risqués parce que leurs valorisations sont soutenues par les politiques monétaires, comme c'était le cas depuis quelques années. On privilégiera sans doute la qualité des actifs, les valeurs liquides et les secteurs en phase avec la tendance au développement durable. »

Si elle permet d'envisager un monde plus équilibré et plus conscient des enjeux sociaux en environnementaux, la crise actuelle présente également un risque d'affrontement idéologique en donnant des arguments au partisans d'un repli borné à l'abri de frontières hermétiques, prévient Marie-Pierre Peillon.

« On sait très bien que la mise en place de ce nouveau monde ne va pas se faire en claquant des doigts », dit-elle.

« Il y a des courant qui vont résister et il y aura un rapport de forces. Il va falloir faire très attention à la stabilité politique de nos démocraties, au risque d'un repli sur soi et de la montée des populismes. »





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