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« L'investissement responsable peut changer les choses »

L'investissement socialement responsable (ISR) monte en puissance et pourrait bien devenir la norme. Rencontre avec Olivier Cassé, gérant ISR actions Europe chez Generali Investments.

Temps de lecture : 4 minute(s) - Par Propos recueillis par C Courvoisier | Mis à jour le 29-12-2020 17:50:00 | Publié le 08-10-2019 10:44  Photo : Olivier Cassé, gérant ISR actions Europe chez Generali Investments  
« L'investissement responsable peut changer les choses »

Ideal-investisseur.fr. – Comment sélectionnez-vous les titres des portefeuilles ISR ?

Olivier Cassé. – Le Groupe Generali, un des leaders de l'assurance, pratique l'Investissement Socialement Responsable (ISR) depuis de nombreuses années. Le Groupe assure des clients, particuliers ou entreprises, sur certains risques et par conséquent, investir les primes perçues dans des entreprises cotées non responsables dont les activités viendraient accroître ces risques serait totalement contre productif. De ce fait, une équipe de 15 personnes est dédiée chez Generali Investments (côté Generali Insurance Asset Management) à analyser les critères ESG [environnementaux, sociaux et de gouvernance, ndlr] des entreprises européennes cotées dans lesquelles nous pouvons investir.

Nous avons mis au point une méthodologie précise. D'abord, nous définissons les critères extra-financiers ESG qui sont, selon nous, les plus pertinents pour analyser chaque secteur. Ensuite, nous entrons en contact avec les différentes entreprises de ce secteur et leur demandons des informations sur leurs pratiques en lien avec ces critères. Une fois les réponses reçues, nous analysons, notons et classons chaque société par rapport à son secteur. Nous excluons celles qui sont les moins bien notées, soit entre 40 et 45% des entreprises d'un secteur donné.

Une fois l'analyse faite, nous communiquons aux entreprises leur score par critère, ainsi que leur positionnement par rapport aux autres. C'est la logique de l'ISR : au-delà d'investir de façon responsable, il s'agit aussi d'aider les entreprises à améliorer leurs pratiques.

A lire également : L'investissement Socialement Responsable (ISR) est compatible avec la performance

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Cette méthode vous pousse-t-elle parfois à sacrifier de la performance pour sélectionner les entreprises ?

C'est une question qui revient très souvent aujourd'hui. Auparavant, les gérants s'intéressaient essentiellement aux éléments financiers avant d'investir. Aujourd'hui, nous complétons cette analyse par une approche « extra-financière » qui permet d'avoir une vision plus complète de l'entreprise. Grâce à l'ensemble de ces éléments, la croissance des entreprises que nous sélectionnons devient une croissance plus durable et par conséquent, plus créatrice de valeur sur le long terme.

Les éléments financiers et extra-financiers sont par conséquent étroitement liés dans leur contribution à la performance globale délivrée par un investissement socialement responsable.




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Votre fonds dédié à la thématique du vieillissement de la population a donc bénéficié de cette méthode de sélection ?

Tout à fait. Generali Investments Sicav (GIS) SRI Ageing Population a été lancé en octobre 2015 et investit dans des sociétés qui offrent un produit ou un service à la clientèle des séniors. Selon les Nations Unies, la population des plus de 60 ans va passer d'environ 900 millions aujourd'hui à quasiment 2 milliards de personnes en 2045. De par leur positionnement, ces sociétés vont donc bénéficier de la croissance de cette population mais également du pouvoir d'achat élevé des seniors.

Cette réalité démographique va en outre s'amplifier sur les 5 à 10 prochaines années et offre ainsi de nombreuses opportunités d'investissement. Des secteurs, tels que la Santé, l'Epargne-Retraite ou certains segments de la Consommation, vont bénéficier de cette tendance. Le portefeuille est par conséquent construit sur ces 3 piliers.

Cette thématique d'investissement attire de nombreux épargnants aujourd'hui car elle est attachée à un phénomène 100% « social » déconnecté de l'environnement économique et financier. Combiner cette thématique à une approche ISR de croissance durable fait de GIS SRI Ageing Population un support d'investissement de moyen-long terme.



Quels sont les différents types d'investisseurs sur ce fonds ?

Ce compartiment a connu un vrai développement auprès de tout type de clients : des institutionnels, des particuliers, des investisseurs intéressés par l'ISR et d'autres attirés par la thématique du vieillissement de la population car ils sont convaincus qu'elle va créer de la valeur à moyen-long terme.

Et puis il y a des investisseurs qui souhaitent tout simplement se positionner sur le marché des actions européennes dans un support de conviction. En 2017 et 2018, GIS SRI Ageing Population a été classé dans les 10% des meilleurs fonds européens. Année après année, nous avons démontré que notre approche de gestion, qui intègre ce volet lSR, crée de la valeur, même si le contexte s'avère complexe par moment (*).

Dans ce contexte pensez-vous que l'ISR puisse devenir prochainement la norme en matière d'investissement ?

Entièrement. Vous avez des pays comme la Belgique où l'ISR est déjà la norme. En France, je suis convaincu qu'il va aussi le devenir. De grandes institutions ont par exemple déjà décidé de transformer l'intégralité de leur gamme de produits en gestion ISR.

Toutefois, pour les épargnants, il est parfois compliqué de trouver des repères car il existe une multitude d'approches différentes. Les labels officiels comme le Label ISR en France apportent une sorte de « validation officielle » des méthodologies utilisées, mais encore une fois, il n'y a d'harmonisation ni sur la méthodologie ni sur les critères ESG analysés.

Enfin, grâce à notre méthodologie d'analyse sectorielle, nous essayons d'aider les entreprises à améliorer leur comportement avec pour référence et objectifs les meilleures pratiques. Mis à part la Défense (que nous considérons inéligible à l'ISR), nous refusons d'exclure tout un secteur, même si certains sont parfois controversés. A titre d'exemple, sur le secteur pétrolier, afin d'inciter les opérateurs à modifier leur mix énergétique, nous discutons avec tous les acteurs et considérons qu'une exclusion de principe ne serait pas la bonne solution. Investir et peser de tout son poids pour faire changer les choses, c'est agir pour une transition progressive mais réelle. En tant que grand gérant d'actifs, nous avons un rôle à jouer.

*Les performances passées ne préjugent toutefois pas des performances futures.



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