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Afficher des objectifs ambitieux en matière de production d'énergie propre, prendre des engagements de réduction de recours aux énergies fossiles ou encore faire les promesses d'une neutralité carbone, cela ne peut être cohérent et concret qu'en prenant en compte l'aspect financier de l'énergie. Une transformation juste et durable de l'économie est souhaitable - et nécessaire - pour faire émerger des énergies plus propres et réduire la part des énergies ayant un impact fort sur l'environnement. Il s'agit même d'une condition indispensable. Problème, des intérêts divergents semblent freiner cette révolution pourtant devenue inéluctable.
Pour assurer la transition énergétique et faire émerger des solutions nouvelles, la question du financement est centrale. Les banques ont un rôle déterminant à jouer, car ce sont elles qui permettent aux projets novateurs d'émerger ou au contraire aux solutions historiques de continuer de propsérer. À ce titre, l'Accord de Paris de 2015 a créé une « responsabilité collective de restructuration de l'ensemble du système financier » mais celui-ci manque toujours d'une traduction concrète. « Il faut rendre la finance durable dans son ensemble plutôt que d'ajouter une couche de finance durable » précisait déjà le think tank Iddri en 2020, lui qui propose des outils pour placer le développement durable au cœur des relations internationales et des politiques publiques et privées. « La finance doit être en phase avec le long terme, et les régulateurs financiers doivent avoir un mandat clair pour faire « tout ce qu'il faut » pour sauver le climat, en articulation avec les politiques gouvernementales ». Ce quoi qu'il en coûte et cette liberté d'action est-elle aujourd'hui possible alors que la COP26 bat son plein ? Pas encore. Le problème du financement des énergies fossiles reste entier. Les politiques semblent en position de faiblesse à l'image du ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le maire. Il souhaite que les banques, assureurs et gestionnaires d'actifs français s'engagent volontairement à arrêter tout financement des activités les plus polluantes, en particulier le charbon. Le principe de l'engagement volontaire : est-ce suffisant ?
Puisque les engagements devront être volontaires - à défaut d'être contraignants et de prendre la forme d'une loi comme cela a déjà pu être observé avec le sujet des frais bancaires - c'est au marché et aux différents acteurs de prendre leurs responsabilités. À ce titre, Axa avait été le premier grand assureur à prendre un engagement radical de désinvestissement, refusant en parallèle de continuer d'assurer les centrales électriques au charbon. Le premier assureur mondial (en termes d'actifs non bancaires) avait fait cette annonce en 2017. En parallèle, il multipliait ses investissements verts dans les énergies renouvelables. Un acte remarqué par les ONG. Nouvelle tournée aujourd'hui : six des plus grandes banques françaises ne financeront plus les projets dédiés aux hydrocarbures non conventionnels et les entreprises dont la part des carburants fossiles (exploration et production de pétrole de schiste, gaz de schiste et sables bitumineux) dépasse 30% de l'activité. Cet engagement sera en place à partir du 1er janvier 2022. Encore une action forte ? Pour Laurent Mignon, président de la commission climat de la Fédération Bancaire Française (FBF) , « C'est une avancée majeure, une première mondiale, qui traduit une fois de plus la détermination des banques françaises d'être leaders d'une transition globale, durable et responsable ». Du côté de l'association Les Amis de la Terre (et plus globalement du côté des ONG spécialistes du sujet), on voit cette annonce comme une communication cosmétique pour masquer le manque d'action. « Ces annonces maquillent bien grossièrement une réalité toute autre : les grandes banques n'ont fait que gagner du temps, mais c'est bel et bien une nouvelle année sacrifiée pour le climat » explique Lorette Philippot, chargée de campagne finance privée dans l'association. L'action des banques précitées n'est que partielle, ne couvrant que deux des huit sous-secteurs non conventionnels pour lesquels tout financement doit être stoppé (selon les recommandations du comité scientifique et d'expertise de l'observatoire de la finance durable). Surtout, certains engagements aujourd'hui brandis ont en réalité déjà été pris il y a plusieurs années. Une stagnation réelle est visible. On le comprend, les engagements des acteurs financiers sur le climat qui visaient initialement à faire baisser l'empreinte carbone de leurs portefeuilles sont loin d'être atteints. En réalité, après le charbon, c'est aujourd'hui le pétrole non conventionnel (gaz de schiste, sable bitumineux) qui est ciblé. Mais le chantier est bien plus vaste et nécessite des prises de positions plus fortes. Alors, des acteurs majeurs vont-ils se lancer dans un désinvestissement massif ? On le souhaite, pour que la finance à impact (la finance durable) qui permet d'allier rentabilité et soutenabilité devienne la nouvelle norme.
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