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Le monde prendrait-il le chemin de la transition écologique ? Les émissions de « dettes vertes » par les entreprises et les États ont progressé de 25% par rapport à 2019.
Depuis quelques années, le marché a vu l'apparition des « obligations vertes » ou « green bonds ». L'argent emprunté est dans ce cas uniquement destiné à financer des projets « à impact positif sur l'environnement », selon la définition de l'ICMA. Chaque année, l'entreprise émettrice s'oblige à délivrer un rapport sur l'évolution du projet vert aux investisseurs. Les émissions de « dette verte » ont atteint un niveau sans précédent en septembre, avec plus de 50 milliards de dollars dans le monde. Entre janvier et septembre 2020, elles ont progressé de 25% par rapport à la même période de 2019. L'information est à temporiser, puisque selon les propos d'Isabel Schanbel, membre du directoire de la Banque Centrale Européenne (BCE), ces « dettes vertes » ne représentaient en 2019 que 5% du volume total des obligations émises. Reste que le tempo devrait continuer de s'accélérer dans les prochains mois.
L'Union Européenne va probablement faire passer le marché des « green bonds » à la vitesse supérieure, entraînant d'autres acteurs dans son sillage. La Présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a annoncé dans son discours du 16 septembre que l'Europe émettra 225 milliards d'euros de « green bonds » pour financer sa relance, soit 30% du budget total déployé pour faire face aux suites de la crise du coronavirus. En 2017, la France avait été le premier État au monde à émettre une dette verte. En 2020, son encours d'« OAT Verts » a dépassé les 25 milliards d'euros selon le rapport annuel de l'Agence France Trésor. En 2018 et 2019, le financement émission de « green bonds » a attiré de nombreux États à travers le monde : après le Nigéria et les îles Fidji, l'Indonésie, la Corée du Sud, Hong Kong et le Chili ont émis leurs obligations vertes, suivies par la Suède et l'Égypte. Début septembre 2020, c'était au tour de l'Allemagne d'émettre les premières obligations vertes de son histoire. Les investisseurs ont massivement répondu présents : 30 milliards d'euros de demandes ont été enregistrées pour 6,5 milliards émis, malgré un taux d'intérêt annuel de 0% et un rendement probablement négatif à échéance. Berlin prévoit une nouvelle émission de 5 milliards d'ici à la fin de l'année.
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Cette rentrée a aussi été marquée par des levées de fonds vertes importantes du côté des grandes entreprises. EDF a ainsi procédé à la plus grande émission d'obligations vertes convertibles en actions du monde, avec 2,4 milliards d'euros. Le but est de financer sa transition écologique et doubler sa capacité de production d'énergie renouvelable d'ici 2030. La maison de luxe Chanel a également émis une première « dette verte » de 600 millions d'euros. Ces obligations, cotées à la bourse du Luxembourg, permettront à l'entreprise de financer la réalisation de son objectif « bas carbone ». La société a pris l'engagement de payer des pénalités en cas d'échec du projet.
L'appétit des investisseurs pour la « finance verte » fait cependant craindre un « greenwashing » par certains acteurs. Autrement dit, certains pourraient être tentés de déguiser le financement d'activités classiques, voire polluantes, en des projets « verts ». Car les critères qui permettent de qualifier des obligations de « vertes » restent flous. « Les notations environnementales des obligations vertes - quand elles existent - sont souvent peu consistantes, pas comparables et, parfois, peu fiables », regrette Isabel Schnabel. Peu de contraintes pèsent sur les émetteurs. Ceux-ci ne sont par exemple pas soumis à une obligation de réduire leurs rejets de CO2. En l'absence d'un encadrement plus strict, les investisseurs sont donc invités à entrer dans le détail des projets avant de faire leur sélection.
Pour se financer, les entreprises et les États émettent régulièrement des « obligations » sur les marchés financiers (ou directement auprès des investisseurs pour les PME non-cotées notamment grâce au crowdfunding). Ces titres financiers représentent un « titre de créance », c'est-à-dire une dette qu'a l'entreprise vis-à-vis du détenteur de l'obligation. Comme un emprunt classique, elle génère des intérêts et doit être remboursée à échéance.
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