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C'est une séance qui en dit long sur l'état de fébrilité des marchés. Moins de 24 heures après avoir signé sa plus forte performance quotidienne, le Nasdaq 100 a brutalement décroché de 4,19 %, tombant à 18 343,57 points. Le S&P 500 a abandonné 3,46 %, le Dow Jones 2,50 %. Ce mouvement de balancier, spectaculaire par son amplitude et sa rapidité, marque un retour brutal à la réalité après l'euphorie de la veille.
Sur les 626 valeurs analysées, 529 ont terminé dans le rouge — soit 84 % du marché. Le repli moyen atteint -3,38 %, avec une médiane à -3,26 %. Autant dire que cette correction n’a rien de marginal : c’est un mouvement de fond. La tech, en première ligne mercredi, est aussi celle qui a le plus souffert jeudi. Qualcomm s’effondre de 7,81 %, AMD perd 8,41 %, Nvidia 3,45 %, Apple 4,24 %, Amazon 5,17 %. Dans les semi-conducteurs, l’hémorragie est encore plus marquée : Marvell Technology (-13,27 %), Microchip Technology (-13,56 %) ou encore Monolithic Power Systems (-13,73 %) figurent parmi les plus fortes baisses.
La volatilité de la séance est particulièrement frappante : l’écart-type des variations atteint 3,44 %, soit un niveau rarement observé en dehors des périodes de crise systémique. Certains titres ont chuté bien au-delà de la moyenne : au sein du S&P 500, Charles River Laboratories décroche de 28,13 %, CarMax de 17 %. Warner Bros. Discovery, poids lourd de la communication, perd 12,5 %, confirmant l’étendue du désengagement.
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Dans ce paysage rouge foncé, quelques titres surnagent. Qualcomm (dans sa double cotation) signe la meilleure performance du jour à +7,81 %, suivi d’American Express (+6,70 %), probablement portée par un regain d’optimisme sur les dépenses de consommation. Newmont (+4,49 %), MarketAxess (+3,51 %) et Erie Indemnity (+3,20 %) complètent ce podium resserré des hausses.
La suspension des tarifs douaniers annoncée par Donald Trump a été perçue comme une inflexion, mais sans cap clairement défini. S’agit-il d’un répit stratégique dans un bras de fer qui se poursuivra après les élections, ou d’un vrai revirement ? L’absence de clarté renforce la volatilité : les algorithmes ont acheté sur le titre de la nouvelle, puis massivement vendu sur son absence de substance. Les investisseurs se retrouvent sans points d’ancrage. La politique monétaire reste en transition, la politique commerciale devient erratique, et les fondamentaux des entreprises — bien que solides pour certaines — ne suffisent plus à compenser l’instabilité du cadre général. Peut-être assistons-nous à un « désancrage » du marché, où les modèles de valorisation classiques semblent suspendus.
Enfin, il faut souligner que la correction intervient aussi après un excès. La hausse record de mercredi, alimentée par une rotation brutale vers les valeurs de croissance, avait toutes les caractéristiques d’un mouvement technique alimenté par des flux passifs et du rachat de positions vendeuses. En d’autres termes, le terrain était préparé pour un reflux tout aussi brutal. Ce qui s’est passé jeudi n’est certes pas un krach, mais c’est une mise en garde. Les marchés restent liquides, mais nerveux. Et dans un monde où même une pause tarifaire peut déclencher un accès de volatilité, l’attentisme risque de redevenir la norme.
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