Des résultats financiers solides mais un cap stratégique exigeant
Renault a clôturé 2024 avec un chiffre d'affaires record de 56,23 milliards€ (+7,4%) et un bénéfice opérationnel historique de 4,26 milliards€ (+3,5%), dépassant les attentes des analystes. La marge opérationnelle, en léger recul par rapport à 2023, reste supérieure aux attentes du groupe à 7,6%, fruit d'un redressement structurel initié par le plan Renaulution.
Mais l'ombre de Nissan plane : le résultat net attribuable à la marque s'élève à 800 millions d'euros, en nette baisse par rapport aux 2,2 milliards enregistrés en 2023. D'autant que le bénéfice de Renault a été affecté par des moins-values comptables liées à la cession de titres Nissan, représentant un montant total de 850 millions d'euros et entraînant une diminution de 1,53 milliard d'euros du résultat net. Du reste, le groupe a procédé à des dépréciations sur sa participation restante dans l'entreprise japonaise, engendrant une charge supplémentaire de 700 millions d'euros.
Une volatilité boursière révélatrice des enjeux sectoriels
Le titre Renault a atteint son plus haut historique à 54,54€ en décembre 2024 après le double sacre de la R5 et de l'Alpine A290 élues « Voiture de l'année 2025 ». Mais la révision à la baisse des prévisions de marge EBITDA pour 2025 (6,5%-7,5% contre 7,6% en 2024) a déclenché une correction en février-mars.
Le marché pénalise l'écart croissant entre les performances opérationnelles (+180 points de base au-dessus du marché européen en 2024) et les incertitudes sur la profitabilité des véhicules électriques. Le lancement de nouveaux modèles en 2025, dont la R4 électrique, s'accompagne en effet d'un risque majeur : atteindre 20% de ventes électriques en Europe contre 9% en 2024 pour éviter des pénalités CO2 estimées à 1 point de marge.
La capitalisation boursière de 14,3 milliards€ reste néanmoins soutenue par un dividende attractif (3,92% de rendement) et un carnet de commandes de deux mois.

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Je m'inscrisEn 2025 des opportunités et des vents contraires réglementaires
S&P anticipe une possible amélioration de la notation financière d'ici fin 2025 grâce aux flux de trésorerie générés par les nouveaux modèles électriques. Mais le durcissement des normes CAFE en Europe pourrait se révéler pénalisant. Le PDG de Renault, Luca de Meo, a exprimé des inquiétudes quant à l'objectif de l'Union européenne de 20% de ventes de véhicules électriques en 2025, remettant en question sa faisabilité en raison de la stagnation des ventes en France et des parts de marché trop faibles dans la majorité des autres pays européens.
Les analystes surveillent particulièrement le décollage commercial de la R4 électrique (production lancée en mars 2025) et la version accessible de la R5 à moins de 25 000€. Dans ce contexte, le titre pourrait retrouver ses niveaux de 2024 si les ventes électriques décollent, mais reste exposé à un risque de correction vers 45€ en cas de déception.