L’action Eurofins soutenue par des résultats solides au T1 2025 : vers un rebond durable ?

Une publication qui déjoue les anticipations

Le chiffre d’affaires du premier trimestre 2025 s’établit à 1,767 milliard d’euros, en progression de 6,9 % par rapport à la même période en 2024. Cette performance inclut une croissance organique de 2,6 %, qui grimpe à 3,9 % après ajustement des jours ouvrés, un paramètre important compte tenu des écarts calendaires entre les deux périodes.

Le chiffre est significatif : les attentes étaient modérées, voire prudentes, en raison du ralentissement anticipé de la division BioPharma aux États-Unis. Le groupe a toutefois bénéficié d’une bonne tenue des tests alimentaires et environnementaux, qui représentent 40 % de son chiffre d’affaires, malgré des conditions météorologiques défavorables outre-Atlantique.

La stabilité observée dans les segments plus sensibles comme la biologie médicale française – affectée par des baisses de remboursement – ou les services de génomique témoigne d’une certaine résilience opérationnelle. Le groupe n’a plus de revenus liés au COVID-19, ce qui permet une lecture plus saine de sa croissance organique. À cela s’ajoutent onze acquisitions, dont l’intégration du réseau Synlab Espagne, représentant à elles seules plus de 160 M€ de revenus pro forma annuels.

Un changement de perception sur le titre

Cette publication marque une inflexion importante. Lors des précédentes publications trimestrielles, notamment en octobre 2024, Eurofins avait vu son titre plonger de plus de 11 % en une séance. Le retournement récent est donc autant technique que psychologique : c’est la première fois depuis plusieurs trimestres que le groupe surprend positivement. Dans les heures qui ont suivi l’annonce, l’action a bondi de plus de 12 % pour atteindre un sommet mensuel à 55,70 €, avec un cours actuel stabilisé autour de 54,30 €. À titre de comparaison, le titre évoluait encore à 45,56 € il y a un mois et à 44,50 € il y a six mois.

Cette revalorisation s’inscrit dans une tendance plus large. Sur les quatre dernières semaines, l’action surperforme l’indice STOXX600, ce qui tranche nettement avec la sous-performance observée sur douze mois (-11,95 %). La tendance technique à 40 jours est redevenue positive récemment.

Des fondamentaux qui montent en puissance

La direction reste confiante et confirme ses objectifs pour 2025 : une croissance organique comprise entre 4 % et 6 %, un chiffre d’affaires additionnel de 250 millions d’euros issus des acquisitions et une progression modérée de la marge d’EBITDA au-delà des 22,3 % enregistrés en 2024. À horizon 2027, la cible est fixée à 24 % de marge d’EBITDA, un objectif ambitieux mais crédible au regard des investissements en cours dans la digitalisation, la robotisation et l’automatisation de ses quelque 1 000 laboratoires dans le monde.

La génération de cash-flow libre est attendue à plus d’un milliard d’euros, de quoi soutenir les investissements futurs et maintenir une structure financière saine. Eurofins a également procédé au rachat de 4,78 millions de ses propres actions, ce qui réduit le nombre de titres en circulation et augmente mécaniquement le bénéfice par action (BPA).

Valorisation et consensus : des marges d'optimisme encore contenues

Malgré la bonne performance récente, l’action Eurofins conserve une valorisation relativement raisonnable. Le PER estimé pour 2025 est de 13, en baisse par rapport à celui de 2024 (14,7). Le BPA attendu est de 3,56 €, en progression sur un an, et le dividende proposé de 0,60 € par action correspond à un rendement modeste de 1,23 %, mais qui devrait être couvert par les bénéfices futurs estimés.

Le consensus des analystes reste globalement positif. À la date du 22 avril, l’opinion majoritaire est à « renforcer », avec un objectif de cours moyen sur trois mois fixé à 57 €, soit un potentiel de hausse d’environ 5 % par rapport au cours actuel. Ce positionnement suggère que les investisseurs reconnaissent la qualité du modèle, tout en restant attentifs aux prochaines publications.

L’action Eurofins bénéficie d’un regain de confiance légitime. Le premier trimestre 2025 valide le retour à une croissance plus normative, dans un modèle qui reste fondamentalement peu cyclique et bien diversifié. L’ancrage local des services du groupe, avec peu d’exposition directe aux tensions géopolitiques ou tarifaires, constitue un avantage compétitif dans l’environnement actuel.

Toutefois, le redressement en cours demande à être consolidé. Les promesses de reprise dans la division BioPharma doivent se concrétiser au second semestre, les synergies issues des acquisitions devront être captées, et la trajectoire de marge devra se confirmer. Dans un portefeuille orienté moyen/long terme, Eurofins conserve une place naturelle dans une allocation défensive et de qualité, avec une exposition aux grandes tendances structurelles de santé, de sécurité alimentaire et de transition environnementale.