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Investir dans l’énergie en 2025 : watt the solutions ?

Le secteur énergétique mondial, au cœur des tensions géopolitiques et des enjeux climatiques, offre en 2025 des opportunités intéressantes pour les investisseurs. Alors que la demande d'énergie continue de croître, les impératifs de transition énergétique accélèrent le déploiement de technologies propres. Toutefois, avant d'investir, il faut bien en comprendre les enjeux et naviguer dans un contexte complexe, entre l'essor des énergies renouvelables, la résilience des hydrocarbures et le rôle central du gaz naturel et du nucléaire.

Article extrait du magazine print Idéal Investisseur n°2.

Temps de lecture : 7 minute(s) - Par Jean-Jacques Manceau | Publié le 05-02-2025 10:30  Photo : Shutterstock  
Investir dans l’énergie en 2025 : watt the solutions ?
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Un équilibre géopolitique fragile

Les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient ont largement souligné la vulnérabilité des approvisionnements mondiaux. « Les risques géopolitiques persistent et continueront de façonner les marchés énergétiques mondiaux », explique Fatih Birol, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), dans son dernier rapport.

Le détroit d’Ormuz, par exemple, reste un point névralgique pour le transit de 20 % du pétrole et du gaz naturel liquéfié (GNL) mondial. En Europe, la guerre en Ukraine a poussé les pays à diversifier leurs sources énergétiques et renforcer leur résilience face à la diminution des livraisons russes, en accélérant notamment les importations de GNL (gaz naturel liquéfié).

Cependant, la concurrence entre l’Europe et l’Asie pour sécuriser les cargaisons de GNL intensifie la pression sur les prix. Le stockage, bien que renforcé, reste soumis aux aléas climatiques hivernaux et aux tensions géopolitiques. Ces enjeux complexifient les arbitrages pour maintenir une énergie accessible, fiable et durable.

Le gaz : une énergie de transition incontournable

Le gaz naturel s’impose comme une solution pivot dans la transition énergétique. En tant qu’énergie fossile émettant moins de CO? que le charbon, il joue un rôle clé dans la décarbonation de secteurs comme la production d’électricité et l’industrie lourde. En 2023, le gaz représentait environ 25 % de la consommation mondiale d’énergie primaire, et sa demande devrait continuer à croître, notamment en Asie, où il remplace progressivement le charbon.

Le GNL, en particulier, occupe une place croissante dans le mix énergétique. Ce dernier est une forme comprimée de gaz naturel (essentiellement du méthane) qui a été refroidi à environ -162 °C pour être transformé en liquide. Cette transformation réduit son volume par 600, facilitant ainsi son transport sur de longues distances, notamment par bateaux-citernes (méthaniers). Les plus grands exportateurs mondiaux sont les États-Unis, grâce au boom du gaz de schiste.

Les besoins européens en GNL atteindront 168 milliards de m³ en 2025, tandis que l’Asie absorbe près de 70 % de la demande mondiale, avec une progression marquée en Chine et en Inde. « Le gaz naturel reste l’une des solutions les plus fiables pour assurer une transition énergétique réaliste et accessible à court terme, en particulier dans les économies émergentes », affirmait récemment Dan Brouillette, ancien secrétaire à l’Énergie des États-Unis.

Bien que les prévisions de prix indiquent une stabilisation à moyen terme grâce à l’arrivée de nouvelles capacités de liquéfaction, le marché reste volatil et exposé aux dynamiques géopolitiques. Les investissements dans les infrastructures de GNL, comme les terminaux de regazéification et les projets de stockage, constituent une priorité stratégique pour sécuriser les approvisionnements et répondre à cette demande croissante. En 2023, la France a par exemple mis en service un terminal méthanier flottant au Havre, utilisant une unité flottante de stockage et de regazéification (FSRU). Cette installation fournit 10 % de l’approvisionnement en gaz naturel du pays.



Le nucléaire au cœur du mix énergétique

L’énergie nucléaire joue un rôle stratégique dans le paysage énergétique mondial. En 2023, 422 réacteurs étaient en service, représentant environ 10 % de la production électrique mondiale. La demande mondiale d’électricité progresse de +2,5 % par an, portée par l’adoption massive des véhicules électriques, le développement des centres de données pour nourrir l’IA et les besoins croissants en climatisation dans les pays du Sud. L’équivalent de la consommation des dix plus grandes villes mondiales est ajouté chaque année, mettant les réseaux électriques sous pression.

Pour répondre à la demande croissante en électricité bas-carbone et aux objectifs climatiques, près de 60 réacteurs sont actuellement en construction, principalement en Asie.

La Chine s’impose comme le leader mondial du nucléaire, avec 24 réacteurs en construction et une ambition affichée d’ajouter 150 GW à sa capacité d’ici 2035. De son côté, l’Inde accélère également ses efforts, visant à atteindre une capacité nucléaire de 22 GW d’ici 2031. Ces investissements massifs témoignent du rôle central de l’Asie dans le développement futur du nucléaire.

En Europe, les approches varient. La France mise fortement sur le nucléaire avec son programme de 6 nouveaux réacteurs EPR 2, reflétant son engagement historique envers cette énergie. Par ailleurs, les pays d’Europe de l’Est, tels que la Pologne et la Roumanie, lancent de nouveaux projets pour réduire leur dépendance aux combustibles fossiles marquée par des préoccupations géopolitiques et climatiques.

Aux États-Unis, malgré un parc nucléaire vieillissant, de nouvelles perspectives se dessinent grâce aux petits réacteurs modulaires (PRM). Ces technologies promettent une relance du secteur grâce à leur compacité, leur coût réduit et leur potentiel pour répondre à des besoins spécifiques en énergie.

Au-delà du développement du parc nucléaire, face à cette explosion de la demande, les investissements dans des solutions de stockage, avec le développement de batteries performantes, de réseaux intelligents et de systèmes hybrides, s’accélèrent. Exemple : le projet de « transition juste » sur le site de l’ancienne centrale à charbon de Pego, au Portugal. Ce projet, porté par la compagnie espagnole Endesa, prévoit l’installation de 365 MWc d’énergie solaire, 264 MW d’énergie éolienne, un système de stockage intégré de 168 MW ainsi qu’un électrolyseur de 500 kW pour la production d’hydrogène vert.



Projets XXL dans l'énergie renouvelable

En parallèle, l’essor des énergies renouvelables se poursuit à un rythme soutenu. « La demande mondiale de charbon a très probablement atteint son maximum en 2023, et les technologies d’énergie propre sont désormais plus abordables que les alternatives aux combustibles fossiles dans la plupart des régions du monde », se réjouit le cabinet d’analyse et de conseil Rystad Energy.

En 2023, 560 GW de nouvelles capacités ont été ajoutés, dominés par le solaire et l’éolien. D’ici 2030, la capacité mondiale en photovoltaïque pourrait tripler, permettant aux énergies propres de générer plus de 50 % de l’électricité mondiale.

Partout dans le monde, les projets de développement se multiplient. C’est le cas à Khavda, au nord-est de l’Inde, ou chez Adani Green Energy, une coentreprise entre le groupe indien Adani et TotalEnergies qui fait sortir de terre le plus grand projet d’énergies renouvelables dans le monde avec une capacité de 30 GW, dont 26 GW de capacités solaires fournies par 60 millions de panneaux solaires. Soit chaque année l’équivalent de 8 centrales nucléaires et de quoi fournir de l’électricité à 16 millions de foyers indiens. Un investissement d’une vingtaine de milliards de dollars en tout. La superficie de ce parc XXL dépasse les 530 km2, cinq fois la taille de Paris intra-muros.

Cependant, cette transition reste inégale. Dans les pays en développement, où la demande énergétique explose, les investissements dans les énergies renouvelables sont freinés par des coûts élevés et des financements insuffisants. « Nous devons tripler la capacité des énergies renouvelables d’ici 2030 pour atteindre nos objectifs climatiques, mais cela nécessite un soutien massif, notamment dans les pays en développement », précise Fatih Birol.

« Aux États-Unis, même si Donald Trump veut donner la priorité aux énergies fossiles, le boom actuel des énergies propres, renforcé par les incitations fédérales, suggère que la transition vers les énergies renouvelables est résistante », analyse Florent Wabont, économiste chez Ecofi, qui s’appuie sur la doctrine du nouveau ministre américain Scott Bessent qui a annoncé un programme « trois fois trois ». Ce dernier propose de réduire le déficit budgétaire à 3 % du PIB en 2028, de déréguler l’économie pour atteindre 3 % de croissance et de produire 3 millions de barils de pétrole de plus chaque jour.



Hydrocarbures : un déclin progressif, mais stratégique

Preuve s’il en est que, malgré l’essor des énergies propres, les combustibles fossiles n’ont pas dit leur dernier mot. Ils représentent encore 80 % de la consommation mondiale d’énergie. La demande en pétrole pourrait atteindre son pic avant 2030.

Les hydrocarbures jouent également un rôle clé dans le financement de la transition énergétique. Les grandes compagnies, telles que TotalEnergies, augmentent leurs investissements dans des projets à faibles émissions, tout en développant des solutions hybrides associant gaz et énergies renouvelables pour assurer une production stable.



Une transition énergétique inégale : fracture mondiale et espoir

Alors que les pays avancés intensifient leur transition énergétique, d’autres, notamment en Afrique, restent à la traîne. Près de 750 millions de personnes vivent encore sans accès à l’électricité, et plus de 2 milliards dépendent de méthodes de cuisson polluantes. Cette fracture énergétique constitue un frein au développement économique et social.

Pour réduire cette inégalité, des investissements massifs et des politiques de soutien international sont indispensables, notamment pour développer des infrastructures modernes et accessibles. En juillet 2024, cinq banques de développement se sont associées pour essayer de réunir les 80 milliards de dollars nécessaires pour relancer le projet du plus grand barrage hydroélectrique au monde sur le fleuve Congo, imaginé en… 1990. Ce projet du barrage Grand Inga est très ambitieux. Il vise à exploiter les chutes d’Inga dans le fleuve Congo pour créer un complexe hydroélectrique capable de produire entre 40 et 70 gigawatts (GW) d’électricité, ce qui en ferait la plus grande centrale électrique au monde.

Un futur énergétique en France

En France, le secteur de l’énergie illustre bien les tensions globales et locales. En 2023, les énergies renouvelables représentaient 23 % de la production primaire, tandis que le nucléaire regagnait en importance après une année difficile en 2022 (72 %). La mise en service de l’EPR (réacteur pressurisé européen) de Flamanville constitue un tournant majeur pour le nucléaire. Après 12 ans de retard, la première fission nucléaire, ou « divergence », du réacteur a eu lieu le 3 octobre dernier. Ce réacteur, le plus puissant du parc nucléaire français, incarne les efforts de relance du nucléaire initiés par Emmanuel Macron en 2022.

Les politiques d’efficacité énergétique ont permis de réduire la consommation par habitant et de diminuer les émissions de CO?. Cependant, l’importation de pétrole et de gaz continue de peser lourd. En 2023, l’énergie a alourdi de 71 milliards d’euros le déficit commercial de la France, du fait de la dépendance aux énergies fossiles des transports. Le développement des biocarburants et l’électrification des véhicules apparaissent comme des leviers essentiels pour réduire cette dépendance. En 2024, la France a continué d’étendre son réseau de bornes de recharge pour alimenter le million de « wattures » en circulation (2 % du parc total).

Selon le baromètre de l’Avere-France, le pays comptait 150 052 points de recharge ouverts au public en fin octobre 2024, marquant une augmentation de 35 % par rapport à l’année précédente. Cette croissance s’inscrit dans l’objectif gouvernemental d’atteindre 400 000 bornes publiques d’ici 2030.



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