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Vedette de la Bourse en 2024, l'intelligence artificielle est aussi la coqueluche des hommes politiques en ce début d'année. Des discours du président Trump au sommet organisé au mois de février sur le sujet en France, elle est devenue à la fois un véritable enjeu de souveraineté et la promesse d'un renouveau économique mondial. S'il est encore trop tôt pour savoir quel sera son impact réel sur notre vie quotidienne, elle est en tout cas devenue un thème d'investissement à ne pas négliger. Voici quelques pistes pour comprendre et investir en conséquence. Article extrait du magazine print Idéal Investisseur n°3.
De silencieuse, la révolution est devenue visible en l’espace de quelques jours grâce à deux annonces retentissantes. La première est venue des États-Unis, où un Donald Trump tout juste intronisé a présenté le projet Stargate, une co-entreprise dédiée à l’intelligence artificielle (IA) et portée par Open AI, SoftBank et Oracle, avec pas moins de 500 milliards de dollars d’investissement et 100.000 nouveaux emplois à la clé. Six jours plus tard, à la veille du Nouvel An lunaire asiatique, la jeune société chinoise DeepSeek a révélé avoir développé une IA censée être bien moins coûteuse et énergivore, tout en étant aussi performante que celle d’OpenAI, la société la plus en vue du secteur, jusque-là. Il n’en a pas fallu plus pour que les valeurs technologiques américaines dévissent à Wall Street. Star incontestée de ces dernières années, le titre Nvidia (fabricant de processeurs graphiques) a ainsi abandonné 17 % en séance et vu s’envoler 589 milliards de capitalisations en quelques heures, réalisant ainsi à la fois l’exploit de faire disparaître l’équivalent des capitalisations cumulées des sociétés LVMH et L’Oréal tout en associant son nom à la perte la plus importante jamais enregistrée dans toute l’histoire de la Bourse. Au-delà de la péripétie de marché, cet événement a également permis de révéler au grand public l’affrontement en cours pour obtenir la domination sur une technologie en passe, peut-être, de changer la face du monde. Ce n’est en effet pas un hasard si certains observateurs avertis ont parlé de « projet Manhattan » (en référence à l’élaboration de la première bombe atomique) pour Stargate, et de « moment Spoutnik » (l’envoi du premier homme dans l’espace) pour qualifier l’annonce du chinois DeepSeek. « Nous vivons en effet une révolution digitale qui peut être comparée à celles que le monde a connues avec l’imprimerie, et plus tard l’industrie », commente Stéphane Toullieux, le président d’Athymis Gestion. Et surtout, ce moment semble annonciateur de bonnes nouvelles pour l’économie et l’élévation des revenus à travers le monde. Selon une étude de PwC, la contribution de l’IA à l’économie mondiale pourrait atteindre 15?700 milliards de dollars d’ici à 2030. Autant dire que cette technologie est aujourd’hui présentée comme la solution pour atteindre une sorte de miracle économique mondial. Pour pouvoir en bénéficier au mieux tout en diversifiant leur prise de risque sur les marchés, un grand nombre de gérants ont décidé d’investir sur l’ensemble de la chaîne de valeur de ce nouveau paradigme. À l’image d’une pelote de laine, celle-ci est complexe et nécessite un travail d’analyse financière et économique approfondi.
Le premier maillon de la chaîne de création de valeur de l’IA est à chercher du côté de l’origine de l’informatique, et donc des fournisseurs de semi-conducteurs. Si le monde a fait connaissance avec Nvidia, dont les puces permettent l’entraînement des modèles intelligents, il redécouvre deux anciennes gloires technologiques boursières avec les sociétés AMD, numéro deux mondial des puces graphiques, et Broadcom, qui développe des puces IA pour Apple. Tout comme il se souvient que, pour obtenir des puces, il faut pouvoir compter sur le fondeur taïwanais TSMC, lequel reste la plaque tournante de l’industrie des semi-conducteurs. Et puis, lorsqu’il s’agit d’imprimer des circuits au nanomètre près, il faut pouvoir à la fois disposer de logiciels de conception, comme ceux fournis par l’américain Synopsys, ainsi que de machines de poliphotographie, où le néerlandais ASML fait de longue date figure d’expert. « Enfin », rappelle Kevin Thozet, membre du comité d’investissement chez Carmignac, « il faut encore pouvoir aider les fournisseurs à transporter en toute sécurité les puces et les cartes mères. C’est un domaine dans lequel la société chinoise Gudeng fournit de précieux services. »
Deuxième maillon indispensable au déploiement de l’IA dans nos sociétés, celui des fournisseurs d’infrastructures, où figurent à la fois les centres de données et tous les acteurs en rapport avec l’énergie. Premier acteur mondial de la gestion d’actifs, BlackRock considère que pour répondre aux besoins des modèles d’IA, dont la taille et la complexité augmentent de manière exponentielle, des investissements massifs doivent être réalisés. Le géant estime ainsi que les dépenses en infrastructures pourraient dépasser 700 milliards de dollars d’ici à 2030. Parmi les valeurs aujourd’hui plébiscitées par les gestionnaires, on trouve les fournisseurs d’infrastructure cloud comme Microsoft, Amazon et Alphabet (maison-mère de Google). Ce sont eux qui procurent à la fois la puissance informatique pour entraîner les modèles et le stockage nécessaire des données pour les entreprises qui font le choix de l’IA. Pour alimenter le tout, il faut de l’énergie, beaucoup d’énergie. Voilà pourquoi on retrouve, dans les portefeuilles, des noms comme Schneider Electric et Legrand, qui équipent les centres de données en solutions de gestion énergétique. Aux États-Unis, certains ont même pu profiter de la belle hausse (+94 % en 2024) du producteur nucléaire indépendant Constellation Energy.
Le troisième et dernier maillon de la chaîne de valeur de l’IA est à chercher du côté des sociétés utilisant cette technologie pour mettre en place des solutions monétisables auprès des entreprises et/ou des consommateurs. De ce point de vue, la liste de leurs clients potentiels est vaste puisqu’elle inclut tous les acteurs susceptibles d’utiliser Internet et le courrier électronique. Dans les services destinés aux entreprises, de premiers agents IA (voir notre lexique) ont, par exemple, déjà été intégrés à des logiciels chez Salesforce et ServiceNow. Et l’innovation ne s’arrête pas là puisque les agents IA sont aussi utilisés pour développer des applications dans la robotique et les véhicules autonomes. L’industriel John Deere travaille ainsi au développement de robots pulvérisateurs intelligents et de tracteurs à navigation autonome, deux nouveautés qui ont fait sensation au dernier Consumer Electronics Show de Las Vegas. Du côté des consommateurs, les initiatives aussi fleurissent. « Numéro un mondial du streaming, Spotify utilise l’IA pour recommander de la musique à ses utilisateurs. Quant à Alibaba, l’Amazon chinois, il vient de sortir son modèle d’IA pour multiplier et personnaliser les suggestions d’achats sur son site Internet », précise Kevin Thozet.
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