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Hedge Funds : comment fonctionnent ces fonds à haut risque ?

Les hedge funds, ou fonds spéculatifs, sont devenus un pilier intrigant et incontournable de la finance mondiale, suscitant l'intérêt et la controverse. Combinant une souplesse unique dans leurs stratégies avec une capacité à générer des rendements non corrélés aux marchés traditionnels, ils attirent aussi bien les investisseurs institutionnels que les particuliers fortunés.

Temps de lecture : 8 minute(s) - Par L Villedoré | Publié le 14-11-2024 10:00  Photo : Shutterstock  
Hedge Funds : comment fonctionnent ces fonds à haut risque ?

Les origines et l'évolution des hedge funds

Les hedge funds ont vu le jour sous l’impulsion d'Alfred Winslow Jones, pionnier dans l'usage de stratégies long/short. Dans les années 1940, Jones, un journaliste, s’est intéressé aux marchés financiers et a appliqué des techniques de couverture en combinant des positions longues (pour parier sur la hausse de certaines actions) et courtes (pour parier sur la baisse d'autres). Cette méthode a permis de minimiser les risques de marché tout en maximisant les gains potentiels. L'approche a marqué le début d'une industrie aujourd'hui évaluée à plus de 4 500 milliards de dollars d’actifs sous gestion en 2023, selon Hedge Fund Research. Des figures emblématiques comme George Soros et Ray Dalio ont contribué à populariser ce modèle d'investissement, chacun introduisant des stratégies novatrices et exploitant les inefficacités des marchés mondiaux.

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Les différentes stratégies d'investissement des hedge funds

Les hedge funds se démarquent des fonds traditionnels par leur capacité à utiliser une variété de stratégies d’investissement, souvent sophistiquées et risquées, visant à maximiser les rendements.

Long/Short Equity
La stratégie de base utilisée par Jones, le long/short equity, demeure une technique phare. Elle repose sur la sélection d'actions sous-évaluées pour des positions longues et d'actions surévaluées pour des positions courtes. Cette approche vise à obtenir des rendements même lorsque le marché est en baisse.

Arbitrage
L'arbitrage, utilisé pour profiter des inefficacités de prix, inclut des sous-stratégies comme l'arbitrage convertible (décalages entre obligations convertibles et actions sous-jacentes) et l’arbitrage de fusion (lors de fusions et acquisitions). Cette stratégie est prisée par les hedge funds cherchant des gains plus stables malgré des rendements plus modestes.

Global Macro
Les hedge funds adoptant la stratégie « global macro » se concentrent sur les événements économiques mondiaux. En étudiant les politiques monétaires, les cycles économiques et les tensions géopolitiques, les fonds macroéconomiques investissent dans des actifs comme les devises, les matières premières et les obligations pour profiter des tendances globales.

Event-Driven
La stratégie « event-driven » repose sur les événements d’entreprise majeurs, tels que les fusions, acquisitions, ou les restructurations. Les hedge funds analysent l'impact potentiel de ces événements pour anticiper les variations des cours d’actions impliquées.




Avantages et risques des hedge funds

Les hedge funds offrent un potentiel de rendement élevé et des avantages de diversification, mais ils ne sont (évidemment !) pas sans risques, au contraire. Leur modèle de gestion est souvent comparé à une épée à double tranchant : s’ils peuvent protéger contre la volatilité du marché, ils peuvent aussi entraîner des pertes conséquentes en période de crise.

Avantages
- Diversification : contrairement aux fonds traditionnels, les hedge funds ont accès à des classes d'actifs variées (actions, obligations, matières premières, devises).
- Flexibilité : les hedge funds peuvent utiliser des leviers financiers et des produits dérivés, leur permettant de réaliser des profits en période de baisse des marchés.
- Performance non corrélée : les hedge funds peuvent générer des rendements indépendamment des indices boursiers, offrant une certaine protection contre la volatilité.

Risques
- Effet de levier : bien que l’effet de levier amplifie les gains, il augmente également les risques de pertes, et dans certains cas, peut conduire à la faillite.
- Illiquidité : de nombreux hedge funds exigent une période de blocage des capitaux, parfois de plusieurs années, ce qui limite la flexibilité des investisseurs.
- Volatilité : les performances des hedge funds peuvent être erratiques en période de crise, comme lors de la crise financière de 2008, où plusieurs fonds ont subi des pertes massives.



Les principaux acteurs du secteur des hedge funds

Quelques grands noms dominent l’industrie des hedge funds et en définissent les tendances. Ces gestionnaires de fonds, à la fois stratèges et analystes, influencent souvent les marchés mondiaux par leurs choix d’investissement.

Bridgewater Associates : fondé par Ray Dalio, ce fonds gère des centaines de milliards de dollars et s’appuie sur une stratégie macroéconomique approfondie pour investir à l’échelle mondiale.

Renaissance Technologies : connue pour ses modèles mathématiques avancés et son recours à l'intelligence artificielle, cette société emploie des stratégies de trading algorithmique, générant des rendements impressionnants.

Soros Fund Management : la réputation de ce fonds repose en grande partie sur le pari de George Soros contre la livre sterling en 1992, un événement historique qui a fait de lui l’un des investisseurs les plus influents.

L'impact économique des hedge funds

Les hedge funds influencent fortement les marchés financiers et l’économie mondiale. En exploitant les inefficacités de prix et en assurant une liquidité supplémentaire, ils favorisent parfois une meilleure efficience du marché. Mais leur influence peut aussi se révéler disruptive en périodes de turbulence. Lors de ventes massives ou d'arbitrages, les hedge funds peuvent amplifier la volatilité des marchés. Cet « effet de signal » a été observé de nombreuses fois, lorsque les décisions d’investissement de ces fonds ont déclenché des mouvements similaires chez d'autres investisseurs.

Les petites capitalisations et l'effet de signal
Les hedge funds exercent une influence particulière sur les petites capitalisations, où leurs mouvements de marché peuvent entraîner des fluctuations de prix majeures. Les investisseurs surveillent souvent de près les positions des hedge funds, un phénomène amplifié par l’effet de signal : des mouvements importants suscitent une réaction en chaîne chez d'autres investisseurs, accentuant ainsi l’impact du hedge fund initial.

Régulation des hedge funds et controverses

Les hedge funds sont soumis à des règles strictes, mais ces dernières sont souvent moins contraignantes que celles des fonds communs de placement ou des sociétés d’investissement. Aux États-Unis, la loi Dodd-Frank de 2010 a introduit des mesures pour encadrer leurs activités, en limitant les prises de risque excessives et en augmentant la transparence. Cependant, la régulation des hedge funds reste un sujet de débat, avec certains détracteurs soulignant leur influence démesurée sur les marchés et le manque de transparence de leurs opérations.

Critiques et transparence
Les critiques reprochent souvent aux hedge funds leur manque de transparence et leur propension à utiliser des stratégies de trading risquées. Cette opacité empêche parfois les régulateurs et les investisseurs d'évaluer correctement l’impact réel de leurs stratégies sur les marchés financiers. Pour pallier cela, certains pays ont instauré des exigences de déclaration plus strictes, mais la question de la régulation optimale reste controversée.

Les hedge funds sont pointés du doigt joué un rôle significatif lors de la crise des subprimes en 2008, tant en amplifiant la volatilité des marchés qu'en subissant eux-mêmes des pertes considérables. Leur implication dans des produits financiers complexes et leur utilisation intensive de l'effet de levier ont contribué à la propagation de la crise.
Avant la crise, de nombreux hedge funds investissaient massivement dans des produits dérivés liés aux prêts hypothécaires à risque, notamment les Collateralized Debt Obligations (CDO) et les Mortgage-Backed Securities (MBS). Ces instruments financiers, adossés à des prêts immobiliers de qualité variable, offraient des rendements attractifs. Cependant, lorsque le marché immobilier américain a commencé à décliner et que les défauts de paiement sur les prêts subprimes ont augmenté, la valeur de ces actifs a chuté drastiquement, entraînant des pertes importantes pour les hedge funds exposés.

Effet de levier et amplification des pertes

L'utilisation de l'effet de levier, c'est-à-dire l'emprunt de capitaux pour augmenter la taille des positions d'investissement, était courante parmi les hedge funds. Cette pratique, bien que potentiellement lucrative en période de marché haussier, a amplifié les pertes lorsque les actifs sous-jacents ont perdu de la valeur. Les fonds qui avaient emprunté massivement pour investir dans des produits liés aux subprimes se sont retrouvés dans des situations précaires, incapables de couvrir leurs obligations, ce qui a conduit à des liquidations forcées et à une pression supplémentaire sur les marchés financiers.

Faillites et fermetures de fonds

La crise a entraîné la faillite de plusieurs hedge funds. Par exemple, en juillet 2007, deux fonds spéculatifs de Bear Stearns, fortement investis dans des titres adossés à des hypothèques subprimes, se sont effondrés, marquant l'un des premiers signes majeurs de la crise financière imminente. De même, des fonds tels que UBS Dillon Reed Capital Management, Cheyne, Synapse et CSO Partners ont subi des pertes sévères, certains étant contraints de fermer.

Les hedge funds, en raison de leur taille et de leur interconnexion avec d'autres institutions financières, ont contribué à la propagation de la crise. Leurs ventes massives d'actifs pour couvrir les pertes ou répondre aux appels de marge ont accentué la baisse des prix des actifs, créant un cercle vicieux de dépréciation des valeurs et de pertes accrues. Cette dynamique a exacerbé la volatilité des marchés et a eu des répercussions sur l'ensemble du système financier mondial.

Réactions et régulations post-crise

À la suite de la crise, les régulateurs ont intensifié la surveillance des hedge funds. Aux États-Unis, le Dodd-Frank Act de 2010 a introduit des mesures visant à accroître la transparence et à limiter les prises de risque excessives des institutions financières, y compris les hedge funds. Ces réformes visaient à prévenir une répétition des événements de 2008 en imposant des exigences de reporting plus strictes et en renforçant la supervision des activités des fonds spéculatifs.

Comment investir dans un hedge fund : points d’entrée et alternatives

Accéder aux hedge funds est un privilège réservé aux investisseurs qualifiés. Ces derniers doivent répondre à des critères de revenus élevés et posséder des actifs importants pour répondre aux exigences d’investissement. Toutefois, pour les particuliers souhaitant bénéficier de stratégies similaires, certaines options alternatives existent.

- Fonds de fonds : ces fonds regroupent plusieurs hedge funds, permettant aux investisseurs de diversifier leurs placements et de bénéficier des rendements des hedge funds sans investir directement.

- ETF répliquant des stratégies de hedge funds : certains fonds négociés en bourse (ETF) imitent les stratégies des hedge funds, offrant une solution accessible et liquide.

FAQ sur les hedge funds

Qui peut investir dans un hedge fund ?
Les hedge funds sont réservés aux investisseurs qualifiés, généralement des individus fortunés ou des institutions disposant d’importants capitaux.

Quels sont les frais de gestion typiques ?
Les hedge funds appliquent souvent des frais de gestion de 2 % et des frais de performance de 20 %, bien plus élevés que les fonds classiques, justifiés par les rendements potentiels et la complexité des stratégies.

Quels sont les principaux risques ?
Les risques incluent l’effet de levier, qui peut amplifier les pertes, l’illiquidité des fonds, et la volatilité lors des périodes de crise économique.

Pourquoi les hedge funds sont-ils controversés ?
Le manque de transparence, l’influence sur les marchés financiers et les stratégies risquées en font un sujet de débat fréquent, certains accusant ces fonds de créer une instabilité.

Les hedge funds sont-ils réglementés ?
Oui, mais les réglementations sont souvent plus flexibles que celles appliquées aux fonds traditionnels, malgré des efforts croissants pour accroître la supervision.

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