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Ces supports boursiers offrent une alternative séduisante pour diversifier son patrimoine sur le thème de l'immobilier locatif, sans les contraintes de gestion. Article extrait du magazine print Idéal Investisseur n°2.
Quand il s’agit d’investir dans l’immobilier, les Français ont un réflexe : se tourner vers un logement à mettre en location. La pierre, le tangible et le visible, c’est rassurant !Toutefois, comme l’écrivait Bastiat, il y a « ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas » : de plus en plus de propriétaires se rendent compte que ce type d’investissement peut rapidement se transformer en un enfer administratif et financier.En plus d’être peu liquide et de poser parfois de sérieux problèmes de rentabilité, le bien immobilier physique mis en location impose une gestion courante chronophage ou coûteuse en cas de délégation. Il permet rarement d’atteindre le sacro-saint objectif de l’investisseur : autofinancer le projet, c’est-à-dire couvrir les mensualités de crédit et les coûts de détention grâce aux loyers perçus. Tout cela dans le cadre d’une fiscalité lourde (hors niches fiscales), qui laisse peu d’espoir quant à son évolution : la situation des finances publiques n’encourageant pas à l’optimisme, comme en témoigne le récent débat autour de l’augmentation des frais de notaires.
Et les dispositifs fiscaux dans tout ça (Malraux…) ? Beaucoup de bruit pour rien ! Véritable corne d’abondance pour de nombreuses sociétés qui les proposent à leurs clients, ils se révèlent, en fait, rarement lucratifs. Les contribuables inexpérimentés, attirés surtout par les avantages fiscaux, finissent donc par manger leur chapeau. En matière d’investissement, le financier l’emporte toujours sur le fiscal. L’investisseur a donc intérêt à évaluer soigneusement le montant de sa réduction d’impôt au regard de la rentabilité finale de l’opération (coût d’opportunité).Résultat : regrets et déceptions pleuvent. Pire : on préfère parfois conserver le bien, non parce que cela revêt encore un sens sur le plan financier, mais simplement parce que l’on n’a pas le courage de se lancer dans une énième démarche lourde et stressante.Doit-on oublier l’immobilier pour autant ? Certainement pas, d’autant que d’autres solutions existent pour investir de façon plus légère, sans pour autant renoncer aux performances potentielles : les foncières cotées en bourse.Un actif dont le portefeuille diversifié est composé d’immeubles résidentiels, commerciaux ou spécialisés (centre de données, entrepôts…), destinés à la location.Plébiscités par les investisseurs outre-Atlantique, ces « SIIC » (Sociétés d’Investissement Immobilier Cotées ou REITS en anglais pour Real Estate Investment Trust) ont pour objectif de constituer et gérer un parc immobilier locatif. A l’achat, les frais de transaction correspondent uniquement à l’ordre de bourse. Ensuite, le retour sur investissement peut s’exprimer par deux voies : le potentiel d’appréciation de l’action à long terme et les dividendes issus des loyers (les SIIC européennes ont l’obligation de distribuer les plus-values de cession et les revenus locatifs nets sous cette forme). La moyenne actuelle du taux de rendement des SIIC se situe dans une fourchette de 4 à 8 % par an, un taux évidemment non garanti.Premier bémol, et non des moindres : l’investissement repose sur des actions dont le cours fluctue en fonction du marché. Deuxième frein : les SIIC peuvent parfois valoir moins que leur actif net réévalué ou, plus rarement, faire faillite et engendrer une perte totale du capital investi. Enfin, les SIIC ne sont pas éligibles au PEA.
Malgré son profil de rendement/risques a priori peu alléchant, l’immobilier physique reste largement plébiscité par les investisseurs. Pur traditionalisme ? Pas vraiment ! C’est surtout parce qu’il dispose d’un argument très convaincant : l’utilisation de l’effet de levier, qui permet d’investir un capital important sans débourser trop de fonds propres, à condition de disposer d’une capacité d’emprunt.À l’inverse, il est très difficile de pousser la porte de sa banque et de demander un crédit pour acheter des SIIC. Non seulement parce qu’il n’existe pas de financement adapté, mais aussi parce qu’il est difficile de mettre en place des garanties sur un placement considéré comme risqué.D’autre part, certains investisseurs parviennent à réaliser de très bons rendements après travaux (en découpant, rénovant et revendant le bien). Mais là, on se rapproche d’un mode d’investissement loin de correspondre à la majorité des acheteurs. En somme, si l’on pense de manière stratégique, il est impossible de soutenir mordicus qu’il ne faut pas investir dans l’immobilier physique. Il semble même préférable d’utiliser sa capacité d’emprunt pour investir dans des biens locatifs de qualité, de préférence en se rapprochant au mieux de l’autofinancement, et de consacrer plutôt une part de l’épargne disponible à des investissements en SIIC.Toutefois, pour mettre en place une telle stratégie d’investissement, il convient de disposer de bonnes bases en gestion de portefeuille, d’arriver à sortir des schémas de pensée habituels et de tolérer le risque. Une question subsiste donc : arriverez-vous à penser hors des sentiers battus et à supporter la volatilité ?
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A propos de l'auteur Certifié AMF et AMF Finance Durable, Nathan D'Ercole est spécialisé en finance, épargne et patrimoine.