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À l'intersection de la psychologie et de l'économie, cette discipline explore ce qui pousse les investisseurs à prendre des décisions parfois irrationnelles, en décalage avec l'hypothèse d'une rationalité parfaite des marchés. En mettant en lumière les biais cognitifs, elle apporte une explication aux erreurs systématiques que commettent les investisseurs. Des erreurs qui peuvent sérieusement affecter leurs rendements !
Avez-vous déjà acheté une action uniquement parce que vous aimiez un produit de l'entreprise cible, ou son image ? Vous êtes peut-être victime d'un biais !Les biais cognitifs sont des raccourcis mentaux que le cerveau utilise pour simplifier la prise de décision dans un monde complexe. En matière de décision financière, ils peuvent perturber les choix d’investissement en favorisant des jugements erronés, souvent basés sur des émotions ou des expériences limitées. Contrairement aux théories classiques de l’efficience des marchés, la finance comportementale suggère ainsi que les investisseurs ne sont pas toujours rationnels ! Après tout, ils sont d'abord humains... et influencés par des biais qui affectent non seulement leur manière de traiter l’information, mais aussi leur tolérance au risque, leur perception des gains et pertes, et leur réaction aux fluctuations du marché.1. L’aversion aux pertes : une réaction émotionnelle qui coûte cherParmi les biais les plus fréquents, l’aversion aux pertes. Ce concept, étudié en 1979 par Daniel Kahneman et Amos Tversky dans le cadre de la théorie des perspectives, illustre la tendance à accorder davantage de valeur aux pertes qu’aux gains de même ampleur. En d'autres termes, une perte potentielle est perçue comme plus douloureuse qu'un gain équivalent n'est réjouissant. La perte potentielle de 10 % de votre investissement aurait ainsi plus d'impact sur vos choix qu'un gain potentiel de 10 %.Dans la pratique, ce biais pousse souvent les investisseurs à conserver des actifs sous-performants dans l'espoir d'un retournement, alors même que les indicateurs économiques pointent vers une baisse prolongée. Par exemple, refuser de vendre une action qui a perdu 20 % de sa valeur, espérant une reprise, alors qu’une vente à ce moment précis pourrait être plus rationnelle. Sauf que cette réticence à réaliser une perte « sur papier » peut avoir des conséquences graves sur la rentabilité globale d’un portefeuille. Selon une étude de Morningstar, l'aversion aux pertes peut réduire les rendements de près de 1,5 % par an en moyenne, une différence notable sur le long terme !2. Le biais de confirmation : l’ennemi juré de la diversificationUn autre écueil courant est le biais de confirmation, bien connu et expérimenté dans de nombreuses autres situations de la vie courante. Il amène les investisseurs à chercher et à valoriser uniquement les informations qui confortent leurs croyances existantes, tout en ignorant celles qui les contredisent. Ce biais peut par exemple trouver une illustration dans des situations où un investisseur est convaincu de la bonne performance future d'une action et ne consulte que les analyses optimistes, négligeant les signaux d’alarme.Évidemment, ce comportement peut non seulement conduire à une prise de risques excessive, mais aussi à une mauvaise diversification des portefeuilles ! Un investisseur influencé par ce biais peut, par exemple, concentrer ses placements sur une seule industrie ou un seul type d’actif, ce qui augmente le risque de pertes en cas de problème. Des études ont montré que cela peut réduire les performances des portefeuilles diversifiés jusqu’à 3 % par an, en raison d’une surexposition à certains actifs mal évalués.3. L’effet de recensement : extrapoler à partir de données limitéesL'effet de recensement, aussi connu sous le nom de biais de représentativité, est quant à lui la tendance à juger un événement sur la base d’un petit échantillon ou d’un nombre limité d’observations. En finance, il se manifeste souvent lorsque les investisseurs tirent des conclusions trop rapides sur la performance future d'une action après quelques mois de bons résultats (ou de pertes), sans prendre en compte les conditions plus larges du marché.Par exemple, si une entreprise présente deux trimestres de résultats positifs, un investisseur qui se laisse illusionner pourra supposer que cette tendance va nécessairement se poursuivre, sans considérer les facteurs économiques externes ou la concurrence. Un excès de confiance qui, avec un nombre réduit de données, peut conduire à des investissements précipités.4. Le biais de surconfiance : un excès qui peut coûter cherLa surconfiance est un biais lui aussi bien connu qui touche particulièrement les particuliers, notamment débutants. Il repose sur la croyance excessive en ses propres compétences et capacités à anticiper les mouvements du marché... Si une certaine dose de confiance est nécessaire pour prendre des décisions, la surconfiance peut mener à des prises de risques excessives, des évaluations erronées, et une sous-estimation des risques.Un exemple concret pourrait être d'ignorer des signes avant-coureurs d'une baisse ou de continuer à investir dans un actif surévalué, persuadé d’avoir une meilleure lecture du marché que les autres ! Selon une étude de Barber et Odean, les investisseurs trop confiants réaliseraient ainsi des transactions plus fréquentes, avec, à la clé, des rendements inférieurs de 5 % par an comparé aux investisseurs plus prudents. Mais comment estimer l'adéquation entre sa confiance en soi et ses capacités réelles ?5. Le comportement moutonnier : suivre la foule au détriment de l’analyseLe comportement moutonnier désigne la tendance des investisseurs à suivre aveuglément les faits et gestes d'une majorité. Ce phénomène, qui repose sur une peur de manquer une opportunité ou de subir une perte isolée, est particulièrement visible lors des bulles spéculatives ou des paniques de marché. Lorsqu'il y a un mouvement haussier, beaucoup achètent de peur de rater l'évènement. Puis la bulle spéculative explose.On pense notamment à la bulle Internet dans les années 2000, durant laquelle des investisseurs ont massivement acheté des actions technologiques, propulsant leurs cours à des niveaux démesurés avant l’éclatement de la bulle. Un autre exemple frappant est la crise de 2008, où la panique généralisée a entraîné des ventes massives et une chute vertigineuse des marchés mondiaux.Le comportement moutonnier : un phénomène destructeur !
La bonne nouvelle, c’est qu’il existe des moyens concrets d’atténuer l’influence des biais cognitifs et d'améliorer les décisions d'investissement. La moins bonne, c'est qu'il s'agit de lutter chaque jour contre sa nature humaine. Mais a priori, prendre conscience de ses propres failles est déjà un atout non négligeable.1. La diversification des portefeuilles : L’une des méthodes les plus efficaces pour réduire l’impact des biais est la diversification, une méthode que vous lisez page après page dans ce magazine ! En répartissant ses investissements sur différentes classes d'actifs (actions, obligations, immobilier etc.) et zones géographiques, un investisseur se protège contre les variations brusques d’un seul secteur ou marché. Une stratégie qui aide à minimiser le risque lié à un attachement excessif à un seul domaine, comportement d'ailleurs dicté par le biais de confirmation.2. L’usage de la technologie et des outils objectifs : Les algorithmes et autres outils d’analyse quantitative peuvent fournir une aide précieuse en éliminant les biais émotionnels et en offrant des recommandations basées sur des données objectives. Ils permettent d’évaluer les risques de manière plus rationnelle et de prendre des décisions sans être influencé par les fluctuations émotionnelles des marchés. Mais l'investissement financier reste une activité qui nécessite de brasser beaucoup d'informations qualitatives, qui sont difficilement exploitées par ces outils (macroéconomie, réglementation, politique...).3. L’éducation et la formation continue : Investir dans sa propre formation et rester à jour sur les évolutions peut aussi aider à mieux comprendre les biais cognitifs et à s'en prémunir. En prenant conscience des erreurs les plus courantes, les investisseurs peuvent adopter une approche plus critique face à leurs propres décisions !
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1. Quels sont les biais cognitifs les plus courants en finance ?Les biais les plus courants incluent l’aversion aux pertes, le biais de confirmation, la surconfiance, l’effet de recensement et le comportement moutonnier. Ils affectent les décisions d’investissement en poussant les investisseurs à adopter des stratégies irrationnelles ou trop risquées.2. Comment l’aversion aux pertes impacte-t-elle les décisions d’investissement ?L’aversion aux pertes pousse les investisseurs à accorder plus de poids aux pertes potentielles qu’aux gains lors de leurs décisions, ce qui peut entraîner la rétention d’actifs sous-performants ou la vente prématurée d’actifs performants. Cela peut donc réduire la rentabilité des investissements sur le long terme.3. Que faire pour limiter l’impact des biais cognitifs ?Diversifier son portefeuille, utiliser des outils d’analyse objective et poursuivre une formation continue sur les marchés financiers sont quelques-unes des meilleures stratégies pour limiter l'impact des biais cognitifs sur les décisions d'investissement. Et surtout, garder en mémoire ses faiblesses.4. Les biais cognitifs peuvent-ils être totalement éliminés ?Il est difficile d’éliminer totalement les biais cognitifs, car ils font partie de la nature humaine ! Cependant, en étant conscient de leur existence et en prenant des mesures pour les atténuer, chacun est capable de réduire leur influence négative sur les décisions d'investissement. La confrontation des idées avec celles d'autres personnes peut aussi être intéressante, dans la mesure où leurs biais seront souvent différents.
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