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Bourse : faut-il revoir sa stratégie face à la hausse des taux ?

Avec le retour de l'inflation, les banques centrales américaine et européenne vont probablement remonter leurs taux directeurs. Une baisse du marché actions est donc à prévoir. Faut-il adapter sa stratégie ?

Temps de lecture : 3 minute(s) - Par C Courvoisier | Mis à jour le 11-02-2022 10:50:00 | Publié le 07-02-2022 14:29  Photo : Shutterstock  
Bourse : faut-il revoir sa stratégie face à la hausse des taux ?

Les marchés financiers sont fébriles

Le retour d'une forte inflation aux États-Unis va pousser la FED à augmenter ses taux directeurs en plusieurs paliers dans les mois à venir. En Europe, alors que cette éventualité était jugée « très improbable » en décembre dernier par la présidente de la BCE Christine Lagarde, l'hypothèse n'est plus écartée.

Avec une visibilité diminuée et une économie qui s'emballe, les investisseurs sont plutôt fébriles. Dans ce contexte d'incertitudes, Wall Street joue au yoyo. Le CAC 40, qui culmine toujours à l'un de ses plus hauts niveaux historiques, vient d'enregistrer sa 4ème semaine de baisse consécutive. En parallèle, le pétrole et les matières premières et produits agricoles sont toujours en hausse (Brent : +2,33% en une semaine, Gaz : +68,8%, Acier : +1,29%, sucre : +45%, Coton : +60,6%, Blé : +1,22% Café : +160%...).

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Une baisse probable à court terme, mais peut-être une année record pour les dividendes

Est-ce donc le moment d'investir ? Si tous les analystes ne sont pas d'accord sur la stratégie à adopter, aucun ne semble douter d'une prochaine baisse des marchés financiers. Si l'on regarde de façon globale, cette période ne semble évidemment pas être la meilleure pour faire ses premiers investissements en bourse. Le marché est comme survalorisé, et pourrait être corrigé de manière plus ou moins brutale dans les mois qui viennent. La hausse des taux directeurs pourrait en être le déclencheur. Le contexte géopolitique est quant à lui pourvoyeur d'une éventuelle instabilité des cours.

La réponse est cependant à nuancer. Avec la remontée des taux, les actions vont devenir plus risquées et potentiellement moins rentables. Il ne faut cependant pas oublier que l'année 2021 est celle de bénéfices records : le profit des entreprises européennes a progressé de 20% par rapport à 2019 (+15% pour celles du CAC 40).

Mais pour que ces actions restent attractives, la progression de leurs dividendes doit demeurer nettement supérieure à l'inflation (prévue à 2,7% par l'INSEE en France en 2022). De même, le supplément de risque qu'elles font courir par rapport aux obligations d'État devra être traduit par un écart de rendement suffisant. Est-ce tenable (et raisonnable) ? En tout cas, Allianz Global Investors estime que les dividendes européens devraient encore augmenter d'environ 8% en 2022.




Le choix des titres : un critère plus que jamais important

Même s'ils sont instables à court terme, les marchés devraient continuer à offrir des opportunités sur le moyen-long terme. Un horizon d'investissement qui intéresse notamment les particuliers. Mais peut-être que jamais le choix des valeurs n'aura été aussi important.

Face à la hausse des taux directeurs, de nombreux analystes (La Banque Postale AM, BofA Secuities...) conseillent de miser sur des valeurs décotées et se tourner vers des actifs moins sensibles aux cycles : banques, luxe... Et d'éviter les valeurs technologiques et « growth », autrement dit en forte croissance, qui sont traditionnellement plus sensibles à la baisse des taux.

Pour les profils un minimum spéculatif, l'une des stratégies est de céder les titres les plus sujets à la baisse afin d'encaisser sa plus-value, puis de réserver les liquidités dégagées pour racheter d'autres actions après la baisse. Pour ceux qui investissent à horizon 3 ans et plus, la stratégie serait plutôt de conserver ses titres qui gardent un potentiel à long terme et une régularité dans leur distribution et leur croissance. Le pire étant probablement de céder à la panique en vendant à la casse.

Au-delà de l'évolution des cours au jour le jour, l'investisseur particulier devrait se bâtir une conviction sur la pérennité du modèle de l'entreprise choisie et de la solidité de son secteur. Une prise de recul est donc nécessaire, avec un temps pour se concentrer sur la stratégie, les données financières et la « vision » de la société visée. Sans jamais oublier de diversifier son portefeuille entre actifs à fort potentiel de rentabilité et actifs plus stables.

Enfin, une stratégie complémentaire est de jeter un œil sur les possibilités offertes en private equity. L'investissement dans des entreprises non-cotées, au travers de fonds d'investissement, peut-être une solution pour diversifier son portefeuille et s'affranchir des variations des cours de bourse. Le financement de l'économie réelle a toutefois lui aussi ses travers, avec notamment une revente des titres plus compliquée. La sélection du support est particulièrement importante et passe, entre autre, par l'examen de sa stratégie et de l'historique de sa société de gestion, sans oublier le passage au crible des frais, qui peuvent parfois grignoter la rentabilité de façon excessive.

La BCE baisse ses taux : et alors ?
La politique des Banques centrales agit sur l'économie à plusieurs niveaux. D'une part, une baisse ou une hausse de leurs taux directeurs a un impact immédiat sur le coût des emprunts à court terme des banques. Celles-ci répercutent ce surcoût dans les crédits qu'elles octroient aux entreprises et aux particuliers, qui empruntent alors moins. Ces acteurs de l'économie réelle ralentissent donc leurs investissements et leurs dépenses de consommation. Avec pour conséquence un ralentissement du chiffre d'affaires, voire des bénéfice des entreprises.

Le second effet se constate sur les marchés financiers. La hausse des taux directeurs entraîne une baisse de la valeur des actions : les obligations deviennent plus intéressantes, et les actions plus risquées. Avec une inflation forte, leur rendement réel décroît d'autant plus. Les investisseurs sont donc moins enclins à y investir et leurs cours baissent. L'unique annonce d'un futur changement de politique monétaire peut donc avoir rapidement de lourde conséquence sur les marchés.



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