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Le Bitcoin a récemment battu un nouveau record à près de 107.000 dollars, porté par de potentielles futures décisions autour de la création d'une réserve stratégique aux États-Unis. Un pari qui pourrait redessiner les équilibres financiers mondiaux… ou fragiliser la puissance du dollar américain.
L’idée d’une réserve nationale de bitcoins prend forme dans des initiatives portées par Donald Trump et Cynthia Lummis, sénatrice républicaine du Wyoming et figure influente du secteur crypto.Pour le futur président américain, l'amorce de réserve reposerait sur les bitcoins saisis par la justice américaine, soit environ 200 000 unités d’une valeur actuelle de 21 milliards de dollars, d'après Reuters. Un montant astronomique qui provient principalement d’opérations judiciaires contre des acteurs criminels, faisant déjà du pays l’un des plus grands détenteurs de bitcoins au monde. Alors que beaucoup d'observateurs voient le Bitcoin comme le nouvel "or numérique", pour Trump, l'idée est de renforcer le leadership américain dans un secteur dominé par la Chine. « Nous ne voulons pas que d’autres pays prennent l’avantage », déclarait-il en juillet dernier sur CNBC.Dans une amorce de plan plus concret, la sénatrice Cynthia Lummis propose une approche active : acheter 200 000 bitcoins par an pendant cinq ans pour constituer un stock d’un million d’unités, soit environ 5 % de l’offre totale qui sera, à terme, en circulation. Selon elle, ce projet, inscrit dans un "Bitcoin Act", aurait l'avantage de diversifier les réserves nationales, lutter contre l’inflation et réduire la dette nationale sur le long terme. En novembre dernier, elle affirmait que cette initiative permettrait de diviser par deux la dette américaine en 20 ans, rappelle Reuters. « Cela nous permet de nous protéger contre l'inflation et de protéger le dollar américain sur la scène mondiale », avait-elle déclaré.Pour financer cet ambitieux projet, deux pistes émergent : utiliser les profits de la Réserve fédérale ou vendre une partie des réserves d’or américaines. Évidemment, une telle révolution ne va pas sans semer des doutes sur sa faisabilité (notamment légale).
Si le projet séduit certains acteurs politiques et économiques, il soulève aussi de nombreuses interrogations. Premièrement, le Bitcoin demeure un actif hautement volatil. La valeur de la cryptomonnaie est très souvent influencée par des événements politiques et économiques, dont le dernier exemple en date est l'explosion du prix du Bitcoin qui a suivi les déclarations de Donald Trump. D'après l'analyse du Financial Times, cette nouvelle étape pourrait faire entrer le Bitcoin dans une dynamique de bulle spéculative : « Bitcoin est valorisé parce que Trump le soutient, et Trump le soutient parce qu’il est valorisé », analyse l'historien de la monnaie Brendan Greeley dans le journal britannique.D'autant que, contrairement à l’or ou au pétrole, le Bitcoin ne possède pas de valeur intrinsèque essentielle au fonctionnement de l’économie. Il ne peut ni alimenter une industrie ni servir de matière première. Toujours d'après le Financial Times, sa principale utilité actuelle réside dans son rôle de "freedom money", notamment dans les pays confrontés à des crises économiques comme le Venezuela. Mais dans des économies stables, il peine encore à justifier une intégration dans les réserves nationales.Sur le plan financier, la réserve immobile proposée par Lummis avec un stockage des bitcoins pendant au moins 20 ans pose aussi un problème à certains observateurs. Une réserve stratégique est censée servir de filet de sécurité en cas de crise, mais une immobilisation aussi longue limite sa flexibilité. Or, selon Brendan Greeley, un actif que l'on ne peut pas vendre n’offre pas de résilience, mais seulement des coûts de stockage.Dernier point évoqué : la cybersécurité constitue un défi majeur. Une réserve nationale de bitcoins deviendrait une cible de choix pour les cyberattaques, un risque bien réel compte tenu de l’historique de piratages dans le secteur crypto. Un argument que pourraient balayer rapidement d'autres observateurs, pour qui la blockchain sur laquelle repose la cryptomonnaie est infalsifiable.
Pour ses partisans, la réserve nationale de bitcoins permettrait néanmoins aux États-Unis de prendre le leadership mondial du marché des cryptomonnaies, tout en s'assurant un atout stratégique face à des pays comme la Chine et la Russie. « En cas de succès, les autres États suivront probablement, renforçant la rareté du Bitcoin », estime Alexandre Stachtchenko, directeur de la stratégie chez Paymium dans les colonnes du site de BFMTV.Il n'en reste pas moins que certains économistes voient dans ce projet un pari dangereux contre le dollar américain. La force du dollar repose sur un système bancaire régulé, la confiance internationale et des accords monétaires solides. L’intégration du Bitcoin dans les réserves nationales pourrait être perçue comme un désaveu implicite de cette stabilité, alors que le dollar domine l’économie mondiale depuis plus de 50 ans.L’ironie du projet réside ainsi dans son contraste philosophique : une réserve stratégique impliquerait une reconnaissance étatique d’un actif conçu pour contourner les systèmes financiers traditionnels. Cela pourrait ainsi bénéficier en premier lieu aux "hodlers", les détenteurs privés de bitcoins, dont la valeur des actifs augmenterait avec l’intervention de l’État.
La création d’une réserve nationale de bitcoins aux États-Unis est donc un projet qui divise : ambitieux sur le plan géopolitique, risqué sur le plan économique. En attendant, le Bitcoin poursuit son envolée. Nul doute que ce sujet n'a pas fini de faire parler.
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Je sais pas vous, mais moi ça me fait bizarre que l'Amérique envisage une réserve stratégique en Bitcoin. C'est un peu comme si mettre ses économies dans les montagnes russes de la spéculation était devenu raisonnable. Risqué ou génial, c'est à suivre, mais j'ai des doutes sur la stabilité pour le dollar.
Mais c'est complètement dingue cette idée de réserve de Bitcoin aux États-Unis ! Ils sont sérieux ? Ça sent le coup de poker pour tenter de déstabiliser le système monétaire international. Franchement, faut être prêt à encaisser de sacrées fluctuations avec tout ça. Moi je me demande bien comment le dollar va s'en sortir si jamais ça se concrétise...