Action Ubisoft : un lancement clé pour redresser le cours après 35% de baisse en un an

Un redressement timide après des turbulences financières

L’année 2024 aura été éprouvante pour Ubisoft, et les résultats publiés le 13 février dernier pour le troisième trimestre de l’exercice 2024-2025 montrent un redressement fragile. Avec des réservations nettes (net bookings) de 301,8 millions d'euros, l’entreprise dépasse légèrement sa prévision de 300 millions d'euros annoncée en janvier. Malgré cette légère éclaircie, ce chiffre affiche une baisse conséquente de 52 % à taux de change constants par rapport au même trimestre de l’exercice précédent, rappelant les défis structurels persistants.

Le PDG, Yves Guillemot, a toutefois insisté sur la robustesse du portefeuille de marques d’Ubisoft et la progression notable de ses services Live. Les indicateurs d’engagement témoignent d’ailleurs d’une hausse de 9 % du temps de jeu et de 6 % du nombre de jours de session sur consoles et PC par rapport à l’an passé. Certaines franchises, notamment Rainbow Six Siege, affichent même une croissance à deux chiffres en termes de temps de jeu annuel. Cependant, la baisse significative des réservations nettes révèle les difficultés de l'entreprise à maintenir un flux de revenus stable face à une concurrence toujours plus intense.

Une sortie phare pour retrouver l'équilibre

Ubisoft mise beaucoup sur l’année 2025, espérant inverser la tendance avec la sortie d'un jeu majeur. « Assassin’s Creed Shadows », qui, lancé hier après plusieurs reports, semble déjà séduire son public. Ubisoft annonçait hier sur le réseau X : « Il n’est même pas 16 heures ici, au Canada, et le jeu a déjà dépassé le million de joueurs ! »

Cette nouvelle itération plonge les joueurs dans le Japon féodal et bénéficie de critiques globalement positives, obtenant une note moyenne de 81 sur 100 sur Metacritic. Toutefois, elle n’a pas échappé à la controverse, notamment en raison de certaines représentations historiques et culturelles jugées problématiques. L’éditeur a réagi rapidement en publiant un correctif, illustrant ainsi les défis permanents auxquels il doit faire face : répondre aux attentes des joueurs tout en respectant les sensibilités culturelles.

Ce projet représente un investissement considérable, estimé à plusieurs centaines de millions d’euros chacun. Leur réussite est donc essentielle, d’autant plus que l’action Ubisoft a subi une chute spectaculaire, perdant près de 80 % de sa valeur sur les cinq dernières années. Les investisseurs suivent ainsi de près les performances de ces titres pour déterminer si la société peut véritablement rebondir financièrement. Sur le mois écoulé, le titre a d'ailleurs gagné environ 7 %, mais la situation reste précaire avec un recul à l’ouverture ce 21 mars.

« Tout le monde croise les doigts pour que cette sortie soit un énorme succès », confie Charles-Louis Planade, analyste chez Midcap Partners, alors que les résultats financiers du quatrième trimestre, attendus d’ici quelques semaines, devront confirmer un objectif ambitieux de 950 millions d’euros en réservations nettes.

Des défis structurels au-delà des sorties de jeux

Malgré l’importance de ces lancements, Ubisoft doit également affronter des défis structurels profonds. L'entreprise a engagé un vaste plan d'économies visant à réduire ses coûts de 200 millions d’euros d’ici à 2025-2026, comprenant la fermeture de plusieurs studios et d'importantes restructurations internes. Ces mesures illustrent la nécessité impérieuse pour l’éditeur de s’adapter rapidement à un marché en pleine évolution.

La transition vers le modèle économique des « live services » et la popularité croissante des abonnements multi-jeux imposent de réinventer la stratégie de revenus. Les analystes restent prudents, certains fixant un objectif moyen de cours d'un peu moins de 14 euros, soit un potentiel de hausse d'environ 12 % par rapport au cours actuel, quand d'autres voient plutôt partir le titre vers le seuil de 12,15 euros.

Pour retrouver durablement le chemin de la croissance, Ubisoft devra non seulement réussir ses sorties de jeux majeurs mais poursuivre la refonte de sa stratégie globale afin de s'adapter efficacement aux réalités nouvelles du marché du jeu vidéo, marqué par une concurrence féroce et des attentes consommateurs toujours plus élevées.