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L'action Rolls-Royce s'est imposée comme l'un des plus beaux come-back boursiers de ces dernières années. Portée par un redressement industriel profond et des perspectives de croissance solides, sa valeur a été multipliée par presque 7 depuis 2021. Et la tendance n'est pas terminée si l'on en croit les projections de marché. Mais après une telle envolée, la question est devenue plus nuancée : l'action Rolls-Royce a-t-elle encore du potentiel à offrir – ou les investisseurs arrivent-ils trop tard ?
En octobre 2020, l’action Rolls-Royce chute à 64,86 pence. Une lourde chute : 2 ans plus tôt, elle culminait à plus de 1000 pence. La pandémie a cloué les avions au sol, amputé les revenus issus de la maintenance et imposé une recapitalisation de 5 milliards de livres, synonyme de dilution massive. Le groupe brûle 4,2 milliards de cash en 2020, puis encore 1,5 milliard l’année suivante. Mais en trois ans, la trajectoire s’inverse. En mars 2025, le titre atteint un nouveau sommet à 812 pence, avec une progression annuelle de +90%. La tendance devrait se poursuivre : les analystes prévoient que l'action revienne à son plus haut d'ici la fin de l'année, soutenue par la reprise du trafic long-courrier, un recentrage stratégique et une exécution opérationnelle redoutable.
Les résultats 2024 confirment la transformation en cours. Le bénéfice opérationnel atteint 2,46 milliards de livres, au-dessus des attentes, en hausse de +55 % sur un an. Le flux de trésorerie libre s’élève à 2,3 milliards de livres, dépassant largement les niveaux d’avant-crise (2019). Rolls-Royce affiche aujourd’hui une situation financière assainie, avec une position nette de trésorerie de 475 millions de livres contre une dette nette de 2 milliards un an plus tôt. La couverture des intérêts excède 4 fois les charges financières annuelles. Ce redressement permet le retour du dividende en 2024 (6 pence par action), après cinq ans d’interruption, ainsi qu’un programme de rachat d’actions de 1 milliard de livres annoncé pour 2025.
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L’activité moteurs d’avions civils reste le pilier du groupe, représentant 61 % des bénéfices en 2024. La reprise des vols internationaux est décisive : selon l’IATA, le trafic long-courrier a retrouvé en 2024 son niveau de 2019. Cela profite directement à Rolls-Royce, dont les contrats de maintenance sont liés aux heures de vol. La division défense, qui contribue à 26 % des profits, devient un relais de croissance stratégique. Selon Bank of America, la forte hausse des dépenses militaires en Europe notamment en Allemagne renforce la visibilité sur cette activité. Rolls-Royce bénéficie du programme GCAP (chasseur de 6e génération mené avec le Japon et l’Italie), mais aussi de la production du moteur F130 pour moderniser les B-52 américains. La direction anticipe une croissance des profits de +50 % d’ici 2028, soit une croissance annualisée d’environ +11 %. L’objectif de marge opérationnelle est fixé entre 15 et 17 % (contre 13,8 % actuellement).
Mais le véritable changement d’échelle pourrait venir d’ailleurs : de l’espace. Rolls-Royce développe actuellement un micro-réacteur nucléaire de 3 mètres de long, destiné à alimenter les futures bases lunaires. Ce module, financé en partie par l’Agence spatiale du Royaume-Uni, pourrait produire entre 1 et 10 MW et fonctionner en l’absence de lumière solaire, dans les zones d’ombre du pôle sud lunaire. En collaboration avec les universités d’Oxford et de Bangor, l’entreprise vise une démonstration spatiale complète d’ici le début des années 2030. Au-delà de la Lune, cette technologie pourrait alimenter des bases militaires, des sites industriels isolés, voire des installations critiques à énergie nette zéro. C’est un positionnement technologique à la croisée de l’exploration spatiale, de la souveraineté énergétique et de la transition bas carbone.
Aujourd’hui, l’action Rolls-Royce se négocie autour de 800 pence, avec un PER de 40. La hausse récente du cours s’est faite quasi exclusivement sur la progression des résultats, et non sur un réajustement des multiples. La plupart des analystes sont à l’achat. Bank of America vise 850 pence, UBS juge la valorisation encore attractive compte tenu de la dynamique de résultats. Jefferies et Deutsche Bank partagent cette lecture. Seul Alphavalue se montre plus prudent : le potentiel reste réel, mais toute déception pourrait entraîner une correction brutale.
L’action Rolls-Royce n’est plus uniquement le pari d’un redressement. C’est aujourd’hui un dossier stratégique au cœur des enjeux contemporains : relance industrielle, défense, souveraineté énergétique, conquête spatiale. Le marché l’a bien compris, d’où une valorisation exigeante, mais en partie justifiée. Pour les investisseurs déjà positionnés, le titre reste un pilier. Pour les nouveaux entrants, le point d’entrée est moins évident, mais la trajectoire long terme demeure attractive, à condition d’accepter une certaine volatilité. Rolls-Royce, en sortant du champ strict de l’aéronautique, s’installe comme une valeur technologique industrielle. Et si les moteurs civils sont toujours là, c’est peut-être le petit réacteur lunaire qui propulsera la prochaine phase de sa valorisation.
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