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En France, 6450 châteaux et manoirs sont inscrits ou classés au titre des Monuments Historiques, et de nombreux joyaux du patrimoine ne sont pas protégés. Malheureusement, des centaines d'entre eux sont en péril : charges, frais d'entretien, aides insuffisantes… Les propriétaires n'arrivent plus à faire face aux dépenses nécessaires à la préservation de telles bâtisses. Lorsque les visites publiques ou l'organisation d'évènements ne suffisent plus à financer la rénovation de ces biens, ils se dégradent irrémédiablement. Pour ne pas voir disparaître un patrimoine inestimable, les particuliers amoureux des pierres peuvent agir : voici comment.
Beaucoup de propriétaires le disent : entretenir et rénover un Monument Historique est un sacerdoce. Bien loin du tableau idyllique qui en est peint, « la vie de château » est une vie de travaux. Les charges qui pèsent sur les propriétaires, qu'ils soient collectivités locales ou particuliers, sont parfois trop lourdes pour qu'ils puissent y faire face. Après une période d'abandon, et faute d'inventer une nouvelle vie au site ou de réunir les fonds nécessaires à la conservation de ce patrimoine, c'est la démolition. L'été 2017 sonne le glas de bâtiments chargés d'Histoire. A Lagny-le-Sec dans l'Oise, un château du XIXème siècle abandonné depuis 20 ans est en cours de démolition ; la mairie, propriétaire du site, aurait dû débourser 1 million d'euros de plus pour le réhabiliter que pour la construction d'un nouveau projet. A Pessac en Gironde, une Villa du XIXème siècle de style Mauresque vient d'être rasée pour laisser place à un programme de logements neufs. A Belfort, c'est une ancienne laiterie qui subit le même sort, malgré les protestations des habitants. Ces bâtiments représentent un pan de l'Histoire locale. A chaque démolition, une partie des habitants se sent dépossédée, blessée : « On n’a pas été prévenu. Ça fait mal au cœur. Il y avait d’autres choses à faire que de démolir notre patrimoine », confie une habitante de Lagny-le-Sec au journal Le Parisien. Evidemment, il est impossible de tout conserver. Laisser la place à d'autres temps et d'autres architectures est nécessaire. Cependant le constat est amer lorsque la perte d'un patrimoine parfois millénaire est due à un manque de financement. Heureusement, grâce à certaines initiatives, il est possible d'agir.
A noter : Pour sauver une partie de son patrimoine inestimable, l'Italie a fait le choix de faire don de 103 monuments et châteaux au printemps 2017. Donner, oui, mais à condition que les repreneurs aient un projet solide pour inventer une nouvelle vie à ces bâtiments oubliés : hôtel, restaurant, musée, aire de jeux, chambres d'hôtes... 200 autres lieux devraient être proposés d'ici deux ans.
D'après l'association Adopte un Château, 600 châteaux sont actuellement en péril en France. Ils seront probablement 6 000 dans 10 ans. La préservation de ce patrimoine a donc plus que jamais besoin de fonds… et de bonnes volontés. Créée en 2015, l'association accompagne des propriétaires particuliers et des collectivités dans la rénovation de leur bâtisse par divers moyens : ingénierie de projet, études historique et archéologique, recherche de financement… L'objectif : trouver une nouvelle activité pour animer les lieux et donner une seconde vie aux châteaux, puis appuyer les propriétaires dans la réalisation du projet. En Auvergne par exemple, le château de Lévis, surnommé « le petit Fontainebleau », est actuellement en cours de restauration grâce à l'association. A proximité d'un circuit automobile, il devrait devenir un lieu d'exposition et de réparation de voitures anciennes. Pour ne pas laisser le patrimoine tomber en ruine, l'association organise des campagnes de financement participatif auprès des particuliers via le site spécialisé dartagnans.fr. A ce jour, une quinzaine de châteaux sont référencés. Par exemple, au nord de Castres dans le Tarn, il s'agit de sauver le château médiéval de Monfta, ancienne demeure des Toulouse-Lautrec. Ce site abandonné depuis 50 ans et racheté par un particulier passionné deviendra prochainement un centre culturel. Le projet étant soutenu par une association reconnue d'utilité publique, la Fédération Patrimoine-Environnement, les dons ouvrent droit à une réduction d'impôt sur le revenu de 66% du montant, et de 75% pour l'ISF.
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Pour les particuliers les plus aisés, il est aussi possible de sauvegarder le patrimoine en devenant propriétaire. L'Etat français a en effet mis en place deux dispositifs d'incitation fiscale : la loi Malraux et la loi sur les Monuments Historiques. Investir en loi Malraux En 1962, le Ministre de la Culture André Malraux a souhaité favoriser la conservation des centres-villes historiques, menacés par l'urbanisation intensive de l'époque. La loi du 4 août 1962, dite « Loi Malraux », a permis la création de secteurs sauvegardés, protégeant et valorisant la spécificité patrimoniale du cœur des villes. A ce jour, une centaine de communes sont concernées, telles que Aix-en-Provence, Saint-Germain-en-Laye, Chartes, Versailles ou Avignon. Les propriétaires de bâtiments ou de logements éligibles peuvent donc obtenir une réduction d'impôt pouvant aller jusqu'à 30% du montant des travaux de rénovation étalés sur la durée du chantier sans dépasser les 4 ans. Le montant des dépenses éligibles étant plafonnées à 100.000 euros par an, il est possible de transformer jusqu'à 30.000 euros d'impôts annuels en rénovation du patrimoine national. Devenir propriétaire d'un Monument Historique Pour les passionnés qui disposent d'un budget conséquent, pourquoi ne pas sauver le patrimoine en devenant propriétaire d'un édifice classé ? Là encore, l'Etat aide à la restauration des bâtiments avec un « coup de pouce » fiscal : les travaux de rénovation ou de restauration réalisés dans un Monument Historique classé, inscrit ou agréé comme tel par l'Etat, peuvent ouvrir droit à la déduction de la quasi-totalité des travaux du revenu global. Pour certaines personnes fortement fiscalisées, cela veut dire transformer son impôt en dépenses de restauration d'un bâtiment reconnu d'intérêt national. En contrepartie de cet avantage fiscal, le propriétaire devra s'engager à conserver le Monument Historique pendant au moins 15 ans. Certes, ces projets sont souvent complexes : autorisations d'urbanisme assez longues à obtenir, suivi du projet par l'Architecte des Bâtiments de France, exigence sur les matériaux utilisés, travaux complexes… Autant de contraintes qui pèsent sur les épaules de ceux qui souhaiteraient redonner vie au patrimoine en danger. Il s'agit donc bien là d'un investissement de passionné.
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