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En pleine croissance, les NFT sont à l'art ce que le Bitcoin est à la monnaie. Mais ils touchent aussi d'autres secteurs, comme les jeux vidéo ou le sport.
Un NFT est l'équivalent digital d'un titre de propriété. Comme dans le cas des cryptomonnaies, ces jetons numériques sont basés sur une blockchain*. Ils sont donc infalsifiables, le registre étant partagé entre des milliers d'utilisateurs à travers le monde. Mais contrairement aux cryptomonnaies, il s'agit d'actifs « non fongible ». Un Bitcoin a la même valeur qu'un autre Bitcoin : ces deux jetons peuvent être échangés sans distinction. A l'inverse, un NFT est unique. Comme un tableau ou une sculpture, il dispose de sa propre identité. Il peut être librement acheté ou vendu et son prix dépend de l'offre et de la demande. Aussi nommés « cryptocollectibles » ou « cryptogoods », les NFT permettent d'acquérir toutes sortes d'objets numériques « uniques », dont des oeuvres d'art virtuelles. L'un des intérêts des NFT pour le monde de l'art est leur capacité à servir de certificat d'authenticité, grâce à cette identité numérique unique et infalsifiable. Il ne peut pas y avoir de doute sur le fait qu'une oeuvre soit « fausse ». L'inscription de l'intégralité de son historique dans une blockchain permet cette traçabilité réputée infaillible.
Avec les NFT, le marché de l'art prend un tournant quelque peu déroutant : quel est l'intérêt d'acheter une oeuvre numérique, par définition reproductible à l'infini ? La réponse relève peut-être de la philosophie. Reste que prisés des collectionneurs d'art numérique, ces actifs numériques sont devenus le moteur de l'ascension de crypto-artistes qui étaient pratiquement inconnus jusqu'à maintenant. Figure de proue, l'oeuvre The First 5,000 Days, un collage virtuel de l'artiste américain Beeple, a atteint le montant record de 69,3 millions de dollars lors d'une vente aux enchères chez Christie's en mars. La mise à prix n'avait été que de... 100 dollars. La vente de ce fichier jpeg a propulsé Beeple au 3ème rang des artistes vivants le plus cher au monde, tout en ouvrant « un nouveau chapitre de l'Histoire de l'art », selon ses mots. D'autres crypto-artistes ont vu le prix de leurs oeuvres s'envoler grâce aux NFT. C'est par exemple le cas de Krista Kim, fondatrice du Techism Art Movement, dont la Digital house a été vendue pour environ 500 000 dollars. L'heureux propriétaire doit recevoir le fichier 3D de cette maison virtuelle avec son NFT. Chris Torres, inventeur du mème Internet représentant un chat volant sur un arc-en-ciel, a vendu son Nyan Cat en début d'année pour 300 Ethers (soit environ 420.000 euros). Au mois de mars, Jack Dorsey, co-fondateur de Twitter, a vendu le premier message qu'il avait posté sur la plateforme le 21 mars 2006. Le message, « just setting up my twttr », a rapporté la somme incroyable de 2,9 millions de dollars. Mais l'histoire la plus insolite est peut-être celle-ci. Kevin Roose, journaliste au New York Times, a décidé de vendre le NFT... d'un article qu'il a écrit au sujet des NFT. L'expérience a dépassé son imagination : alors qu'il pensait récolter quelques centaines de dollars pour ce « papier » librement consultable sur Internet, les enchères ont explosé. Le NFT a finalement été vendu pour 560.000 dollars à un collectionneur d'art numérique.
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L'art n'est pas le seul secteur qui utilise les NFT. La création de NFT ne semble avoir que 2 limites : l'imagination nécessaire à la création d'objets numériques et... l'existence d'acheteurs. En réalité, ce concept de titre de propriété matérialisé dans une blockchain* et basé sur les cryptomonnaies ouvre de nombreuses perspectives, notamment dans les jeux vidéo. S'il était déjà possible d'élever, vendre ou acheter des chats virtuels (via le jeu CryptoKitty), le jeu Sandbox crée un univers parallèle dans lequel il est possible d'avoir... une activité commerciale bien concrète. Ce monde virtuel permet à ses joueurs d'acheter l'un des 166.464 terrains (ou « lands ») qui le composent. Ils peuvent commencer par y construire une maison ou quelque chose d'autres. En 2020, la pré-vente de 10% de ces terres virtuelles avait été bouclée en seulement 5 heures, pour un montant d'environ 450.000 dollars. La particularité du jeu est que les Internautes peuvent aussi créer de objets virtuels (ou « assets »), qui sont alors inscrits via des NFT sur la blockchain Ethereum. Libre à eux de les revendre à d'autres joueurs contre des Ethers. Bien évidemment, ces cryptomonnaies peuvent ensuite être converties dans une monnaie officielle.
L'euphorie qui entoure les NFT a fini par gagner le monde médiatique. Fin avril, le rappeur Eminem a mis en vente une série de NFT sur la plateforme Nifty Gateway, correspondant à des bandes-dessinées, cartes de base-ball et à un disque vinyle signé d'un de ses albums. L'animatrice américaine star Ellen DeGeneres a mis aux enchères l'un de ses selfies, sur lequel elle pose en pleine émission avec un dessin de chat : la pièce a rapporté plus de 33.000 dollars. Le monde du sport commence lui aussi à surfer sur cette nouvelle tendance. Il y a quelques jours, le PSG a annoncé mettre en vente ses premiers NFT artistiques. Il s'agit de 11 Lucky Buddy, une figurine numérique créée par l'artiste Ludo. Elle sont déclinées en 5 variantes aux couleurs historiques du club de football. Plus de la moitié des bénéfices de la vente iront à des associations caritatives.
Les NFT s'achètent au moyen de cryptomonnaies sur des plateformes d'échange spécialisées. Opensea et RareBits sont par exemple réputées pour être des spécialistes du marché secondaire. Toutes les transactions y sont immédiatement stockées sur une blockchain. Les tokens peuvent aussi être acquis directement auprès des émetteurs, mais ce type d'achat requiert une prudence extrême. D'autant que l'investissement dans les NFT est par nature très risqué : comme pour l'achat d'oeuvres d'art, mieux vaut ne pas investir dans une unique perspective de plus-value. Dans le cas où les contribuables enregistrent des gains, la fiscalité liée à ces tokens reste floue. A tel point que le sénateur de l'Oise Jérôme Bascher (Les Républicains) a interpellé le ministère de l'Économie et des Finances le 15 avril dernier. Si la loi Pacte de 2019 a permis de régir les actifs numériques, les NFT sortent de ce cadre. Leurs caractéristiques pourraient les rapprocher des cryptomonnaies, qui sont imposées comme des produits financiers, mais cette définition semble trop réductrice. « Dès lors, la fiscalité applicable consisterait à assimiler les NFT aux jetons des « Initial coin offering » (ICO)*. Or qu'en est-il des utility tokens*, qui servent à utiliser le service ? » demande le sénateur. Faudrait-il pour autant les assimiler fiscalement à des objets d'art ? « Difficile de les inclure, car les NFT sont clairement dans une autre catégorie que les oeuvres [de l'esprit telles que définies par la loi]. Mais aussi difficile de les exclure, car le droit évolue et la définition d'une oeuvre demeure très subjective », indique Jérôme Bascher. Si le marché persiste à s'envoler, le débat devra être tranché rapidement.
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